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SNPM Syndicat National des policiers Municipaux

🇫🇷 Policiers et gendarmes : pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux à rejoindre la police municipale ?

Depuis quelques années, un nombre croissant de policiers nationaux et gendarmes quittent leurs fonctions régaliennes pour rejoindre la police municipale. Mobilité géographique facilitée, meilleure rémunération et conditions de travail plus attractives sont autant de raisons qui expliquent cet engouement. Mais ce transfert massif suscite aussi des interrogations au sein des forces de l’ordre et des collectivités.

Des salaires plus attractifs en police municipale

L’un des principaux attraits de ce passage concerne la rémunération. « J’étais sous-brigadier en police nationale et je suis devenu chef de service en police municipale, ce qui m’a permis d’être payé une fois et demie mon ancien salaire », témoigne Damien Fouque, délégué syndical Alliance PM Paris. Ce cas n’est pas isolé : en Seine-Saint-Denis, une gardienne de la paix a vu son salaire bondir de 1 000 euros en rejoignant la police municipale.

Cet « appel d’air » a entraîné une vague de demandes similaires. Cependant, les autorités ont freiné ces transferts pour ne pas déstabiliser les services concernés.

Une tendance stable depuis 2020

Si le phénomène ne constitue pas un raz-de-marée, il reste significatif. Selon un rapport parlementaire de 2023, plus de 10 % des recrutements en police municipale proviennent de ces passerelles. En 2020, 240 gendarmes ont rejoint la police municipale, un chiffre qui est monté à 630 en 2022 avant de redescendre à 509 en 2023.

Les motivations sont claires : réduction du stress, missions de proximité, moins d’interventions de police judiciaire et une activité plus opérationnelle que purement administrative.

La guerre des recrutements entre municipalités

Face à la pénurie de candidats, certaines communes n’hésitent pas à jouer sur les primes, les heures supplémentaires et les avantages sociaux pour attirer des agents déjà formés.

« J’ai vu des mairies prêtes à payer des heures supplémentaires au forfait, réalisées ou non », dénonce Jérôme Raguenard, expert en recrutement policier. Un système qui peut sembler alléchant, mais qui présente un revers : ces primes et heures supplémentaires ne sont pas intégrées au calcul de la retraite.

Une mobilité plus rapide et un meilleur équipement

Autre atout majeur : la flexibilité géographique. Contrairement à la police nationale, où une mutation peut prendre plus de dix ans, la police municipale permet de choisir sa ville d’affectation beaucoup plus rapidement.

De plus, l’équipement joue un rôle déterminant. « Les policiers municipaux ont souvent du matériel plus performant que nous », confie un policier national. Certains services municipaux disposent de véhicules plus puissants et de locaux mieux entretenus que ceux de la police nationale.

Une compétition entre communes et l’impact de l’armement

Le débat sur l’armement des polices municipales influence également les recrutements. « Une ville qui arme ses agents attirera plus facilement des policiers nationaux en reconversion », explique un expert en recrutement.

Cependant, l’adaptation n’est pas toujours évidente. « Un bon gendarme ou un bon policier ne fait pas nécessairement un bon policier municipal », prévient Ludovic Durand, secrétaire général de FO PM. Le passage d’une culture policière à une autre peut créer des tensions entre agents.

Un phénomène appelé à durer ?

Alors que 11 000 postes de policiers municipaux sont à pourvoir d’ici 2026, cette tendance devrait se poursuivre. Toutefois, il est peu probable qu’elle se transforme en transfert massif, tant les deux métiers restent différents dans leur essence.

La police municipale attire, mais les ex-policiers et gendarmes doivent peser le pour et le contre avant de franchir le pas. Entre gain immédiat et impact sur la carrière et la retraite, le choix doit être stratégique.

Source : Le Point

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