Et pan. Le coup n’est pas parti tout seul de la décision du maire comme il l’a fait remarquer. Ouvrez les guillemets : « Cette décision aurait pu être prise sans passer par le conseil municipal, souligne Xavier Bertrand. Mais j’ai tenu à ce débat public. » Enfin public restreint à sa grande majorité du conseil. La Ville va donc armer sa police municipale. « Vous auriez pu avoir la sagesse de faire comme votre consœur politique de Beauvais et d’interroger les Saint-Quentinois », glisse Stéphane Andurand, conseiller municipal d’opposition socialiste. Rappelons que la population de Beauvais, ville de même taille que Saint-Quentin, a répondu « non », dimanche dernier, à la question de l’armement de sa police municipale (Courrier picard du 28 septembre). Xavier Bertrand, féru défenseur de la démocratie participative, féru des consultations à tout va, n’y a pas vu ici matière.
« Gauchy va dans cette direction. Les dramatiques événements dejanvier ont montré que les représentants des forces de l’ordre sont devenus des cibles symboliques. La menace terroriste qui depuis, reste à un niveau sans précédent sur tout le territoire français a d’ailleurs conduit le ministre de l’Intérieur a proposé aux maires qui le souhaitent la mise à disposition de quelque 4000 revolvers appartenant à l’État. » La municipalité en sera désormais candidate.
Le maire va plus loin dans ses arguments et assure que « les policiers municipaux sont régulièrement engagés sur des services de soirées et de nuit où les interventions sont potentiellement plus risquées. »
Les policiers municipaux pourront choisir
C’est donc pour protéger ses agents avant tout que la Ville fait ce choix. « C’est avant tout pour protéger la police municipale. Ce point est non discutable. », confirme Xavier Bertrand qui affirme que la vocation première quand les policiers ont une arme est chercher à ne pas s’en servir. Et le maire de noter qu’« au niveau local des armes sont utilisées pour commettre des vols dans les commerces pour intimider ou régler des différends. » De quoi faire sourciller Stéphane Andurand. « Nous pensions que la délinquance baissait sur Saint-Quentin. »
Il rejoint les propos du conseiller municipal d’opposition du Parti communiste français, Olivier Tournay qui voit ici « un soutien au désengagement de l’État. Vous vous plaignez monsieur le maire des baisses des dotations de l’État et voilà à quoi vous voulez utiliser l’argent public : à des armes. » Olivier Tournay développe son opposition à cette délibération en évoquant les dérives de policiers municipaux ayant fait usage de leurs armes dans d’autres villes. « Nos policiers ont un professionnalisme exemplaire », rétorque Xavier Bertrand. Le maire assure qu’il ne laissera passer aucune bavure.
Il précise également que les policiers ne souhaitant pas porter d’arme, ne le seront pas. « Il y a un contexte : la menace terroriste et une demande très forte des policiers municipaux. », poursuit le maire. Certains policiers sont dans le public et acquiescent de la tête. « Pourquoi leur refuser ce qui n’est autre qu’une protection ? », lance Philippe Vignon, conseiller municipal délégué aux professions libérales et avocat pénaliste. Ceux qui portent un uniforme sont des cibles potentielles. »
NADIA NEJDA