A la fin de chaque fête de l’Aid el Kebir, la question se pose à Dreux : le marché au vif et l’abattoir mobile imaginés par le sous-préfet Christian Lacroix et une association musulmane auront-ils lieu l’année prochaine.
Pour cette année, la réponse est oui. Ce jeudi 24 août 2017, la plupart des 1.600 moutons attendus sur le marché au vif sont arrivés. Ils s’installent peu à peu dans les immenses locaux du stand de tir, de Flonville, à Dreux. Christian Du Plessis, l’éleveur qui chapeaute l’opération depuis l’origine, et son équipe ont transformé l’espace en une vaste bergerie.
Vendredi à 15 heures, le marché au vif ouvre ses portes aux clients locaux : « La vente est d’abord destinées aux musulmans du Drouais. Les autres clients seront accueillis samedi à partir de 8 h 30 ».
Le respect des règles de sécurité imposées
par l’état d’urgence
L’opération nécessite plusieurs mois de préparation. Wassim Kamel, le sous-préfet de l’arrondissement de Dreux, a présidé trois longues réunions avec l’ensemble des partenaires d’un dispositif qui s’inscrit dans l’idée d’une laïcité bienveillante. Il rappelle que l’Etat « est là pour permettre aux musulmans de pratiquer leur culte dans les meilleures conditions possibles et dans le respect des lois de la République ».
Jeudi matin , le sous-préfet est allé sur place pour vérifier que tout soit conforme. Les services vétérinaires assurent une présence à chaque étape de la vente et du sacrifice des bêtes. « Depuis l’an dernier, il faut également respecter les règles de l’état d’urgence avec une surveillance par la police nationale, par la police municipale, mais aussi par des bénévoles des associations musulmanes et enfin un service d’ordre privé de dix personnes ».
Des prix stables entre 220 euros et 280 euros
Cette année, huit éleveurs de Normandie et de la région Centre Val de Loire amène des moutons. Christian Du Plessis l’assure : « des bêtes de très grande qualité qui répondent aux critères de la religion. Les prix restent stables entre 220 euros et 280 euros selon le poids du mouton ».
Le sacrifice se déroulera sur les deux premiers jours de la fête, vendredi 1er septembre et samedi 2 septembre. La même équipe de Gallois viendra assurer le fonctionnement de l’abattoir mobile mis à l’abri pendant tout l’hiver par l’Agglomération du Pays de Dreux. Les sacrificateurs sont des Drouais agréés par la mosquée d’Evry.
Pour la onzième fois, le marché au vif et l’abattoir mobile permettront aux musulmans d’Eure-et-Loir et de la région parisienne de fêter l’Aid en harmonie avec la République.
Intransigeance avec l’abattage clandestin. La préfecture a pris deux arrêtés en date du 17 août d’abord pour autoriser le fonctionnement temporaire de l’abattoir mobile. Ensuite pour interdire le transport d’animaux vivants du 23 août au 2 septembre. Tout contrevenant risque la saisie des bêtes transportées illégalement et de fortes amendes. Il y a deux ans, les gendarmes avaient ainsi saisis 38 moutons clandestins. Les auteurs du trafic sont passés au tribunal. Les amendes peuvent aller jusqu’à 3.000 euros par infractions et sont cumulables. Cela fait très cher le mouton de l’Aid.
Le cas de Trappes. Cette année, il n’y aura ni marché au vif ni abattoir mobile à Trappes. La communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines a décidé de ne pas mettre en place le dispositif qui fonctionnait depuis 2013. Le vice-président de l’agglomération, Gérald Favier (LR), estime que ce n’est plus à la collectivité de financer une opération cultuelle mais que c’est aux associations de se prendre en charge. A Dreux, Christian Du Plessis s’attend à recevoir les musulmans de Trappes. « Mais avec 1.600 moutons, nous ne pourrons pas satisfaire toutes les demandes. Cela ne fait que 200 de plus qu’en 2016 ». Et à Trappes, ce sont quelque 1.700 moutons qui étaient vendus.
