10 ans après l’installation des cinq premières, la Ville prévoit un nouveau dispositif pour lutter contre les incivilités
Il y a une dizaine d’années Digne-les-Bains effectuait ses premiers pas en matière de vidéoprotection en installant cinq caméras sur la gare routière et la piscine. « Mais la technologie d’alors n’était pas celle d’aujourd’hui, indique Bernard Aymes, adjoint à la prévention de la délinquance. Les images étaient de mauvaise qualité. »
Mais depuis tout ce temps aucun remplacement ou installation de nouvelles caméras n’était survenu. Dans les esprits, la sécurité du citoyen le disputait au respect des libertés individuelles et des élus considéraient aussi que cette sécurité incombait à la police – pour eux, l’installation de caméras revenait à se substituer à l’État. « Mais que la maire soit d’accord avec l’extension de la vidéoprotection a remisé les réserves à ce sujet. »
Dans le viseur : la lutte contre les incivilités, plutôt que celle contre la délinquance. « C’est bien ce qui nous anime car la vidéoprotection n’est pas l’arme ultime contre la délinquance. En revanche, des villes comme Manosque qui sont bien équipées enregistrent une baisse significative des incivilités. » En rapport au conseil municipal où cette délibération a été votée (voir ci-contre), l’adjoint ajoute « ce n’est pas la vidéoprotection qui aurait empêché le meurtre rue Mère-Dieu (où un homme de 30 ans a été tué de plusieurs coups de couteau en juin 2016, NDLR) ».
Jeudi dernier les élus ont donc voté l’installation d’un système de vidéoprotection dans le centre-ville. 19 caméras devraient être déployées en 2018 et les cinq existantes seront modernisées. « On attend l’autorisation de la Préfecture. Selon le bureau d’études, les travaux peuvent être effectués en six mois. » Une pièce sécurisée en mairie sera dévolue à la réception des enregistrements. Le maire, le chef de la police municipale et la police nationale y ont accès. « On peut visionner les images quand on veut. Si on aperçoit un individu en train de déposer des ordures de façon sauvage, on peut verbaliser mais s’il s’agit d’une enquête, la police doit disposer d’une réquisition. »
Des caméras mais pas boulevard Gassendi
Un système de vidéoprotection auquel les commerçants sont favorables. Sans surprise, son périmètre effectue une boucle dans le centre-ville mais aucune ne sera disposée boulevard Gassendi… en raison des platanes qui masquent la visibilité. « Il aurait fallu les disposer trop bas, à une hauteur où elles pourraient être dégradées. Une leçon tirée de l’expérience de Manosque. » Pour le reste elles seront placées ainsi :
Place Général-de-Gaulle : 2 caméras couvrent cette zone.
Rue de l’Hubac, rue Capitoul et la montée de la Prison : 4 caméras.
Place du Marché : 1 caméra.
Rue des Chapeliers : 1 caméra.
Prison Saint-Charles : 2 caméras.
Pied-de-Ville : 2 caméras.
Rue de la Curaterie : 1 caméra.
Rue Colonel-Payan : 3 caméras (qui finissent de surveiller la rue de l’Hubac.
Traversée des Serres : 2 caméras.
Rue Mère-Dieu : 1 caméra.
À la majorité moins 6 voix
Jeudi dernier, les élus ont voté en séance du conseil municipal l’installation de ce système de vidéoprotection. Délibération qui sollicitait l’approbation de la Préfecture et l’attribution de subventions. Le coût du dispositif s’élève à 229 715 € TTC et la Ville table sur 30 % de subventions… ceci alors qu’elle aurait bénéficié de 70 % si elle avait lancé sa demande à une époque où ce type d’opération était mieux soutenu, comme n’ont pas manqué de le souligner « Les Dignois d’abord ». « Avant il n’y avait pas autant d’incivilités », commente Bernard Aymes. La délibération a été votée à la majorité moins six voix contre, dont une partie venait du groupe d’opposition. Marie-Anne Baudoui-Maurel a indiqué que mis en place plus tôt ce dispositif aurait évité des drames. Elle regrettait aussi que ce système n’allait pas créer d’emplois, la majorité lui a fait remarquer qu’en début de séance elle critiquait l’embauche d’un agent municipal à la suite d’un départ en retraite.
Maxime Lancestre