2 ans de prison pour le décès d’un adolescent par overdose
A.V. comparaissait devant le tribunal correctionnel de Tarbes pour homicide involontaire dans une affaire qui s’est déroulée en août 2014. C’est au cours d’une soirée très arrosée où les différents protagonistes, pour la plupart majeurs et faisant tous partie de bandes plus ou moins connues sur Lannemezan, avaient également consommé de la méthadone que C.A., 16 ans, avait succombé à une overdose. Aujourd’hui, A.V. est le seul à venir rendre compte de ses actes puisqu’il avait été avéré qu’il avait lui-même amené les gélules et en avait fait ingérer à l’adolescent, comme l’a rappelé la présidente dans une salle comble où la tension se mêlait à une émotion et une tristesse toujours vivaces : «La victime avait passé l’après-midi à consommer de la bière puis à aller d’abord chez un couple, puis dans une autre fête, en consommant toujours de l’alcool jusqu’à le rendre agressif, si bien qu’on lui a demandé de quitter les lieux. Vers 3 heures, accompagné d’une amie, il se rend chez un autre ami où il continue à consommer de grandes quantités d’alcool, comme les autres, avant de prendre quatre à cinq comprimés de méthadone, ce qui représente trois fois la dose létale, avant de s’endormir sur place».
Les autres participants à la «fête» décident d’aller faire un tour en ville, pensant que leur copain dort : «Je ne connaissais pas ce médicament. Quand on s’est baladés, on a vomi dehors. On n’a pas pensé une seule seconde que c’était la méthadone qui l’avait mis dans cet état. On croyait que c’était l’alcool, on s’est dit il va dormir, il ira mieux demain. Je regrette, je n’ai jamais insisté pour faire boire, fumer quelqu’un, j’étais alcoolisé». Lorsqu’ils découvrent le corps sans vie de C.A., les autres protagonistes décident de le doucher et de faire le ménage : «J’aurais dû assumer, ça fait quatre ans et demi que je suis encore avec ça, j’aurais dû avoir du courage, j’ai été pris de panique».
Pour Me Markhoff, l’avocat de la famille de la victime décédée la veille de son 17e anniversaire, l’affaire est «un énorme gâchis car ce décès a entraîné une immense tristesse dans la famille, les faits sont graves et l’attitude du prévenu a été désagréable. Il a apporté et donné les cachets, insisté pour qu’il les prenne, trois fois la dose mortelle. Le coma, associé aux vomissements que cette prise entraîne en laissant le jeune homme couché sur le dos, a conduit au décès».
Me Trusse Naprous, avocate de la maman de la victime, a relevé que «ce soir-là, il était avec des adultes. Ils avaient dix ans de plus que ce jeune homme, il ne peut pas s’exonérer de cela. Je veux bien croire qu’il regrette mais à ce moment-là, le comportement qu’il a eu était inadapté». Le procureur a dit sa tristesse de «devoir prendre la parole sur ces faits qui ont causé la perte la plus grave, celle de la vie d’un jeune garçon. C’est le drame de l’inconséquence, de l’amateurisme et de la bêtise la plus épaisse. On a affaire à quelqu’un qui était le majeur qui a commis des faits graves qui ont ôté une vie», a-t-il rajouté avant de requérir 15 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
Me Marbais assurait la défense d’A.V. : «C’est une soirée tragique qui s’est terminée dans des circonstances dramatiques. Cette audience va permettre de faire la lumière sur les faits car beaucoup de choses ont été dites. Il comparait seul et il n’était pas seul ce soir-là ni lorsqu’ils l’ont découvert. Oui, il a manqué de courage, il le reconnaît aujourd’hui mais il y a eu beaucoup d’alcool dans cette soirée-là».
Alors que le prévenu exprimait des regrets pour la dernière fois, dans la salle, des insultes ont fusé et il aura fallu l’intervention de la sécurité pour ramener un peu d’ordre.
À l’issue de la délibération, A.V. a été condamné pour homicide involontaire à 24 mois de prison dont 12 avec sursis.