25 – MONTBÉLIARD : MOBILISATION DES SERVICES DE L’ORDRE POUR UN MARIAGE « À RISQUE »
18/10/2015 à 05:11, actualisé à 15:48 Vu 29608 fois
La police veille au pied de la mairie. Le mariage a eu lieu. Sans débordement. Photo Francis REINOSO
« PLUS BESOIN d’aller à Monte-Carlo, on a tout sur place. Du grand spectacle et c’est gratuit », rigole une passante. La Montbéliardaise fait référence aux armadas de grosses bagnoles qui, souvent le samedi, déboulent dans un cortège tonitruant d’avertisseur au pied de la mairie. « Lamborghini et Maserati samedi dernier », lâche-t-elle. Ferrari, Porsche, Mercedes de luxe et quad, hier.
La seule qui ne rit pas sur le parvis de l’hôtel de ville, c’est le maire Marie-Noëlle Biguinet. D’abord, le mariage a 25 minutes de retard. Ensuite, la Ferrari et consorts, dans une débauche de véhicules luxueux (il faut paraître), qui pilent devant la mairie en faisant rugir à n’en plus finir leurs puissants moteurs, ça ne la fait pas vraiment rigoler. Drapée dans son écharpe tricolore, le maire descend d’ailleurs les marches de la mairie pour inviter le conducteur de la prestigieuse Italienne rouge immatriculée en Suisse à mettre en sourdine ses ardeurs sur la pédale d’accélérateur.
Le prix de la tranquillité publique
Il y avait donc mariage, hier après-midi à Montbéliard. Mariage estimé « à risque, c’est-à-dire susceptible de débordements », explique la police qui, pour le coup, a déployé « un dispositif spécifique » en partenariat avec la ville. Côté police nationale, des effectifs du commissariat épaulés par les motards, les vététistes équipés de caméras piétons et les hommes du GDI (Groupe départemental d’intervention) de Besançon sont mobilisés. « Il s’agit d’un dispositif dédié à la gestion des mariages susceptibles de provoquer des troubles », explique le commissaire David Gagliardi. « La police municipale est, elle aussi, dans la boucle ».
L’accès à la place Saint-Martin (où se trouve la mairie) est filtré « au prorata du nombre de places de stationnement libres sur site », précise le directeur général des services. Forcément, ça fait râler les commerçants riverains comme les automobilistes de passage. « Mais ça coûte combien à la collectivité tout ce tintamarre policier ? », s’exclame un passant. C’est le prix de la tranquillité publique. Ce déploiement de force visible, maillant la cité, refroidit illico les velléités de conducteurs désireux de se faire remarquer en s’asseyant sur les règles les plus élémentaires de sécurité routière (et pas que) lors de ces grands mariages. Résultat : hormis les pneus qui crissent et les moteurs qui hurlent à l’arrivée du cortège devant la mairie, aucun débordement à signaler, hier. « Nickel », commentait hier soir un policier. « La présence des services de l’ordre est dissuasive ».
Alors bien sûr, pourquoi en arrive-t-on à de tels dispositifs de sécurité pour encadrer des cérémonies, celles du bonheur, de l’union pour le meilleur, de la fête et de l’amour ? Parce que les débordements ainsi pudiquement nommés, il y en a eu et il y en a encore, ce qui met en vrille les nerfs des élus républicains : coups de feu, véhicules bloquant la circulation, contresens mettant en danger la vie d’autrui etc. Pas plus tard que le week-end dernier, lors d’un mariage, les occupants d’une Audi ont été interceptés à hauteur de l’Acropole à Montbéliard. Ils détenaient, non pas des dragées ou des confettis mais des pistolets à grenailles, couteaux et résine de cannabis ! Hier, sur les traces d’un cortège à Valentigney, la police a verbalisé cinq automobilistes qui grillaient allègrement les feux rouges. « Pas question de laisser les gens rouler n’importe comment sous prétexte qu’il s’agit d’un mariage », conclut le commissaire. « On contrôle, on verbalise et on interpelle si besoin ».
Françoise JEANPARIS
source : http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2015/10/18/montbeliard-mobilisation-des-services-de-l-ordre-pour-un-mariage-a-risque