34 – Béziers : la police municipale patrouille armée depuis dimanche
L a police municipale de Béziers est désormais équipée pour patrouiller en service continu.
« Ma mission est de protéger et de servir. Avec l’évolution de la société, aujourd’hui, je ne vois pas comment je pourrais protéger sans être armé », Jean-Frédéric coupe l’herbe sous le pied à toute polémique autour de l’armement de la police municipale biterroise. Le brigadier-chef principal porte la coupe “rasé court” de la Marine, où il officiait avant de rejoindre la police municipale (PM) de Cavaillon, armée depuis 2003. C’est dans cette commune du Vaucluse qu’il a été recruté pour intégrer la PM de Béziers. Ils sont neuf comme lui. Neuf néo-Biterrois, en provenance de villes où le port de l’arme était déjà autorisé. Neuf policiers déjà formés. Neuf policiers qui peuvent donc patrouiller de nuit. C’était là l’objectif principal de l’armement de la police municipale à Béziers : lui permettre de travailler en nocturne. Et sans arme, cela n’était pas possible.
Depuis le 1er février, deux véhicules, embarquant chacun trois policiers, sillonnent la ville, une fois l’obscurité tombée. « Nous devons être une police visible, de terrain, qui rassure… et dérange ceux qui ont de mauvaises intentions », explique le brigadier-chef principal, qui ce dimanche soir, s’installe déterminé côté passager du Renault Scénic sérigraphié. Patrouille classique : sont ciblées les zones où incivilités et petits trafics sont répertoriés. À la radio, les positions des véhicules sont régulièrement communiquées. Les policiers nationaux ont accès à la fréquence et une coordination avec le PC municipal où sont réceptionnées toutes les images des caméras de vidéosurveillance est évidemment mise en place.
Les « conditions principales » du sous-préfet à l’armement
Le sous-préfet de Béziers, Nicolas Lerner, a suivi de près le dossier d’armement de la police municipale de Béziers.
Une évolution tout à fait légale qui doit cependant répondre à plusieurs conditions. Dont deux principales : « la signature préalable, avec le représentant de l’État, d’une convention de coordination et l’agrément individuel de chacun des agents pour lequel une autorisation de port d’arme est sollicitée. »
Avant d’établir la signature de la convention de coordination, « un travail préalable a démarré dès l’été 2014. Il s’est traduit par plusieurs réunions techniques et de nombreux échanges entre les services de la mairie, ceux de la sous-préfecture et le parquet de Béziers. L’État a veillé à ce que le texte rappelle le strict cadre d’action des policiers municipaux et les limites législatives et réglementaires de leurs missions, qui doivent s’exercer en parfaite concertation avec les policiers nationaux et, pour celles de nature judiciaire, sous le contrôle du procureur de la République ».
La seconde condition est donc l’agrément individuel délivré à chacun des agents pour être autorisé à porter l’arme. Il est donné en application du code de la sécurité intérieure après vérification du respect des conditions légales et réglementaires tenant notamment à l’honorabilité et l’état de santé de chaque agent et au respect des exigences en matière de formation initiale et continue : « Les premiers policiers municipaux autorisés à porter une arme à Béziers étaient tous titulaires, depuis plusieurs années, d’une telle autorisation préfectorale dans la commune où ils servaient auparavant », précise le sous-préfet.
Gare SNCF, place Sainte-Aphrodise, Gambetta ou Iranget. C’est au pied d’un immeuble de cette cité que deux véhicules marquent l’arrêt. Visite des caves où, récemment, la police municipale est venue “déranger” un trafic. À l’entrée, la carcasse d’un scooter fait peine à voir. Tout comme l’état général de ces parties communes : tags insultant et graffs violents se sont multipliés. « Celui-là, il n’y était pas. C’est nouveau », observe Icham, lampe de poche braquée sur un “9 mm parabellum” dessiné sur la porte d’une cave.
« Vous n’êtes pas armés, vous n’êtes pas de vrais policiers »
La patrouille repart et dévoile les autres facettes de sa mission. « Nous veillons aussi aux respects des horaires de fermeture des épiceries de nuit, des stationnements gênants ou des places de parking pour handicapés occupées par des voitures de valides. » L’usage de l’arme ne sera pas le quotidien de la PM. Il est extrêmement réglementé et l’arme ne peut être utilisée qu’en légitime défense, personnelle ou pour autrui. ‘ »Au moins, nous n’entendons plus “Vous n’êtes pas armés, vous n’êtes pas de vrais policiers”. Et comment intervenir, protéger, dans une situation dangereuse, si nous ne sommes pas armés ? », interroge Jean-François.
L’arme dont dispose la police municipale est un 7.65 automatique, elle vient compléter les gilets-pare-balles, bâtons de défense, bombes lacrymogènes et casque de maintien de l’ordre qui composaient déjà l’équipement du policier. Un attirail qui dessine aux agents une silhouette impressionnante, de faux airs de Robocop. Les policiers municipaux ne jouent pourtant pas aux super-héros. Ils n’ont pas de pouvoir d’enquête, aucun officier de police judiciaire dans leurs rangs. Ils peuvent, en revanche interpeller en cas de flagrant délit (comme tout citoyen). Ou procéder à des palpations de sécurité et en cas de perquisition nécessaire (ouverture d’un sac, par exemple), les collègues de la police nationale sont appelés. Le port de l’arme ne modifie pas les missions de la police municipale. Il lui permet de travailler de nuit et joue aussi sur le sentiment dissuasif. Tout comme les deux chiens de la brigade cynophile. Qui attend l’arrivée d’un troisième compagnon. Et au grognement des cerbères, on peut vous le dire : le chien n’est pas toujours le meilleur ami de l’homme. Armé ou pas.
source : http://www.midilibre.fr/2015/02/03/beziers-la-police-municipale-patrouille-armee-depuis-dimanche,1120285.php