« Je vais signer demain la demande au préfet de pouvoir armer notre police municipale ». Olivier Carré, pour son premier conseil municipal comme maire à part entière, avait une décision forte à prendre. Il l’a prise sans barguigner après un débat de bonne tenue, même si son opposante Corinne Leveleux-Teixeira a estimé que la religion du maire était déjà faite.
Les 107 policiers municipaux d’Orléans seront désormais (pas avant 2016, après formation) détenteurs d’armes létales comme 8 000 des policiers municipaux de France sur 20 000. Après les attentats de Paris en janvier, Serge Grouard, l’ancien maire avait promis que le débat viendrait sur le tapis.
Une marque de confiance
Pour le rapporteur du projet, (qui n’a pas donné lieu à un vote c’était seulement un débat), Olivier Geffroy, adjoint à la tranquillité publique, « cet armement est une marque de confiance vis-à-vis de la police municipale qui est au charbon tous les jours et fait un travail remarquable… Ce n’est pas une question idéologique ». Pourtant, la cassure entre partisans et opposants de l’armement est passée par la classique ligne droite-gauche. Pour Olivier Geffroy (LR), soutenu notamment par son « ami » François Lagarde, « on observe un refus croissant de l’autorité. Le nombre d’agressions sur les agents a augmenté de 50% depuis 2002″. Autres chiffres, sur les 6 premiers mois de 2015, la police a constaté 36 interventions qui impliquaient des armes contre dix en une seule année en 2010. Arlette Fourcade, en a profité pour rappeler que cet armement des policiers faisait partie du programme du Front national aux municipales.
Une vraie police
Pour l’adjoint au maire, « la police municipale d’Orléans est une vraie police » et c’est elle-même qui demande à être armée. D’ailleurs 70% des policiers municipaux (anciens gendarmes ou militaires) se sont déjà servis d’une arme.
A gauche, Michel Brard a feint de s’étonner :« ça va si mal que ça? Je suis extrêmement surpris, est-ce le changement d’adjoint à la sécurité (de Montillot à Geffroy)? Ca fait treize ans que tout a été résolu en matière de sécurité nous dit-on » a ironisé le conseiller municipal socialiste. « On nous décrit des coups de feu dans les rues. En reviendrait-on avant 2001″. Chaque année en effet, la ville d’Orléans joue les vitrines de la sécurité. Même Manuel Valls en son temps était venu admirer le « modèle » orléanais a rappelé François Lagarde (LR).
Police de proximité
Pour Corinne Leveleux-Teixeira (PS) qui se défend d’emblée d’une quelconque « empathie pour ceux qui troublent l’ordre public, la mission de la police municipale est celle de la proximité, de la médiation, de l’échange avec les populations ». Pour Michel Ricoud (PC), le Sourcien, qui ne nie pas la situation tendue dans les quartiers, « la police municipale fait son boulot, elle est présente, elle supplée souvent les carences de la police nationale… On paye les années Sarko. » Tant le conseiller municipal communiste que Jean-Philippe Grand (EELV) craignent que « l’on tombe dans des provocations d’un côté, des dérapages de l’autre ». L’augmentation des outrages à agents ne serait-elle pas liée justement à leur mise en première ligne? Car, comme le souligne Oliver Geffroy lui-même, les policiers municipaux arrivent parfois les premiers sur des interventions délicates. « Armer les policiers c’est une façon de les protéger, mais c’est aussi une façon de les exposer ». dit Michel Brard. Jean-Philippe Grand confirme: « on ne va pas dans le sens d’un apaisement, la police va devenir une cible pour les voyous… Et puis policiers armés ou pas, quand ils sont sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool cela ne changera rien à leur comportement violent ».
Pas de bavure
A contrario François Lagarde, après avoir déroulé une série de faits divers où les policiers municipaux ont fait usage à bonne escient de leur arme, a cité le rapport alarmiste de Malek Boutih (PS) sur le jihad et a demandé à l’opposition de lui citer « un seul cas de bavure par des policiers municipaux ».
Olivier Carré a conclu le débat en tranchant:« nous allons les armer en prenant de multiples précautions, c’est une amélioration de la sécurité pour les Orléanais ».
Juste avant le conseil municipal, entre le vieil hôtel Groslot où ils ont leur quartier, et la mairie nouvelle où se tenait le conseil, les voitures de la police municipale avaient été alignées, capot tourné vers la salle de la réunion. Pression, manifestation inavouable pour influer sur le débat? Officiellement, il s’agissait de faire prendre l’air aux véhicules.
En tous cas c’est décidé, les policiers d’Orléans seront armés: entre le maire ancien Serge Grouard qui était tiède mais s’est résigné, et le maire nouveau Olivier Carré, la majorité n’a pas changé son fusil d’épaule.
Ch.B
