Elle n’était pas obligée de le faire et elle n’a pas omis de le rappeler. Marie-Agnès Linguet, maire UDI de Fleury, a tenu à ce qu’un débat ait lieu, en conseil, au sujet de l’armement de la police municipale. Alors il y a eu débat… pendant plus d’une heure et demie.
Un échange quelque peu « déphasé », comme l’a relevé Alain Romero (PCF), « puisque la décision est déjà prise ».
« Les moyens de se défendre »Pour commencer, Philippe Desormeau, adjoint chargé de la sécurité, a rappelé que la demande d’être armé émanait des policiers eux-mêmes. Il a aussi souligné que le port de ces revolvers n’était réservé qu’à des missions bien spécifiques, que leur utilisation ne pouvait se faire qu’en cas de légitime défense et que la ville veillerait à la formation des agents. « Les temps ont changé, a-t-il dit. La police municipale est engagée dans la lutte contre le terrorisme […] Il n’est pas acceptable d’utiliser des agents publics dans des missions à risque sans leur donner les moyens de se défendre. »
« Mais, les protéger, est-ce les armer ? », a interrogé Alain Romero. « Un policier armé engendre, à son corps défendant, plus de défi, plus de tension, ce qui peut aller jusqu’à une situation de violence. »
« Valorise-t-on les gens en leur donnant les moyens de remplir des missions qui ne sont pas les leurs ? », a questionné Carole Canette par la voix de son collègue Johann Fourmont (l’élue socialiste était absente). « Les policiers municipaux sont déjà armés (tonfas, flashballs) et ils n’ont jamais eu à s’en servir. C’est la preuve que ce surarmement n’est pas nécessaire », a-t-elle poursuivi.
Fleury, le Far West ?Tandis que Bruno Lacroix (PCF) posait le débat en ces termes : « Soit Fleury, c’est le Far West et là, ce n’est pas une poignée de policiers, fussent-ils armés, qui feront quelque chose, soit c’est une ville comme les autres et, dans ces cas-là, il n’y a pas particulièrement de nécessité à armer la police municipale. »
Face à ces critiques, Marie-Agnès Linguet a appelé à plus de « nuance », opposant « pragmatisme » et « sens des responsabilités », à l’« imagination d’un monde meilleur ». « Il y a les statistiques, et la réalité sur le terrain », a-t-elle assené.
Logiquement, l’opposition dans son ensemble a voté contre cette décision. Mais ce n’était qu’un avis consultatif.
Marion Bonnet
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