54 – A Nancy, le maire UDI relance le débat sur l’armement de sa police municipale
Le maire de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a décidé ce lundi de rouvrir le débat sur l’armement de sa police municipale. Un débat qu’il souhaite ouvrir avec les policiers, les syndicats, les habitants de la ville et son opposition. En novembre dernier, il avait fermé la porte à l’option d’armer la police municipale.
Les policiers municipaux de la ville de Nancy vont-ils finalement être équipés d’armes létales ? C’est la question que repose Laurent Hénart, maire UDI de la cité ducale. Ce lundi lors d’un conseil municipal consacré en grande partie à la sécurité, l’élu a relancé le débat. M. Hénart avait rejeté l’idée d’armer sa police municipale en novembre dernier quelques semaines après les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. L’année 2015, marquée par le terrorisme, a été l’occasion pour de nombreuses villes de réarmer leur police municipale au vue du contexte et après l’assassinat par le terroriste de l’Hyper Cacher d’une policière municipale non armée à Montrouge en janvier 2015.
«Je vais consulter les policiers et les syndicats quant à l’opportunité d’équiper en armes létales les policiers municipaux. La question va être posée» a annoncé M. Hénart devant les conseillers municipaux de l’opposition et de la majorité. «On a refusé cette option après les drames de 2015 car il ne fallait pas décider sous le coup de l’émotion et d’un mouvement d’opinion» s’est justifié le maire de Nancy qui semble vouloir revenir en arrière. Sans dire qu’il est pour ou contre, l’élu centriste a assuré qu’il «s’agissait de discuter, de consulter (avec) chaque policier municipal». L’occasion selon Laurent Hénart de consulter également sa majorité, l’opposition mais aussi les habitants. «Je m’étais engagé avec eux (les policiers, NDLR) de revenir sur la discussion. Il nous faut un délai de discussion raisonnable» estime M. Hénart qui voudrait trancher «à l’automne». «Sans préjuger de la décision qui consistera à rester sur la position de 2015 ou à équiper en armes létales tout ou partie les policiers municipaux».
Le maire (PS) de Metz avait quant à lui annoncé, à la surprise générale, un armement de sa police municipale au lendemain des attentats de janvier 2015. Depuis, les policiers ont entamé une formation avec la police nationale et les armes létales en provenance des stocks de la police sont arrivés dans la ville.
M. Hénart avait dit l’été dernier «qu’armer des policiers ce n’est pas une mesure à la légère. Il faut le faire policier par policier, il y a des questions d’aptitudes à vérifier et cela correspond à des missions que l’on donne à sa police». Les policiers municipaux de Nancy sont équipés de gilets pare-balles, de flash-balls, et la municipalité a développé des patrouilles de nuit et la vidéosurveillance. «C’est un choix que le maire doit faire en conscience, mais je ne dis pas que c’est le choix qui doit se faire dans toutes les villes. Nous avons la police municipale tournée vers la tranquillité publique et la police nationale qui reste sur l’ordre public et la sécurité». Ce lundi, le maire a révisé sa position en assurant que «la sécurité et la tranquillité se mêlent désormais, la frontière se brouille».
– Une décision prise d’ici le mois d’octobre –
La gauche municipale de Nancy quant à elle est plutôt opposée à l’armement de la police municipale mais aussi à la multiplication des caméras de vidéosurveillance. Pour la députée PS Chaynesse Khirouni et élue municipale d’opposition, la ville doit faire un effort sur la présence humaine qui «doit être renforcée». Selon elle, il faut lutter davantage contre la prostitution et l’alcoolisation massive des fêtards et des jeunes en marge des discothèques et des bars. La députée a surtout salué les moyens engagés par le gouvernement à Nancy et en Meurthe-et-Moselle, listant la récente annonce d’ouverture d’une antenne du Raid dans la cité ducale mais aussi l’arrivée de 20 policiers et 13 adjoints de sécurité dans la cité ducale sous l’impulsion de M. M Valls et Cazeneuve.
L’adjoint à la Sécurité et ancien juge antiterroriste Gilbert Thiel a voulu rassurer la gauche en assurant que Nancy «n’a pas les mêmes ambitions que Nice en matière de vidéosurveillance». La ville dirigée par Christian Estrosi (Les Républicains) est en effet championne de France de la surveillance vidéo. Aujourd’hui, l’agglomération de Nancy est équipée de 200 caméras de vidéosurveillance dont 80 reliées au central de la police nationale rappelle le préfet de Meurthe-et-Moselle Philippe Maé qui a salué un «plan ambitieux». M. Thiel a également rappelé que la nouvelle métropole du Grand-Nancy compte s’équiper d’un centre communautaire de vidéosurveillance «d’ici le premier semestre 2018».
Le préfet de Meurthe-et-Moselle a également exhorté la ville de Nancy de finir sa charte de «Nancy la nuit», l’un des engagements de campagne de M. Hénart. «Cette charte doit voir le jour rapidement. Nous devons conclure» assure le préfet qui espère qu’elle «peut concilier la fête et la sérénité». Une charte très attendue dans le milieu de la nuit et du divertissement alors qu’approche la saison estivale.
source : http://loractu.fr/nancy/13263-a-nancy-le-maire-udi-relance-le-debat-sur-l-armement-de-sa-police-municipale.html