La question a été soulevée en fin de conseil municipal, lundi soir, lors des questions diverses. Pierre Pavis s’est dit prêt à en discuter, « compte tenu de la situation actuelle ».
Pourquoi ? Comment ?
D’où vient l’idée ?
Lundi soir, la question a été posée par Brigitte Lecoeur, conseillère municipale d’opposition (Argentan Bleu Marine). Mais le sujet n’est pas neuf et revient régulièrement sur le tapis. Après les attentats contre Charlie Hebdo, des maires de droite avaient exprimé leur souhait de voir leurs policiers municipaux s’armer.
Depuis les attentats du 13 novembre, on en reparle. Le gouvernement lui-même a émis l’idée. « Le plan de lutte contre le terrorisme adopté par le gouvernement après les attentats de janvier prévoit d’accompagner les communes qui le souhaitent dans l’équipement de leur police municipale, rappelle la préfecture de l’Orne. Au total, 20 millions d’euros ont été débloqués, notamment pour l’acquisition de gilets pare-balles. » Dans l’Ouest, Mondeville, près de Caen, ou La Turballe en Loire-Atlantique, ont déjà déposé une demande d’armement.
Et à Argentan ?
« Jusqu’à ce jour, j’ai toujours été fermement opposé au port d’arme par la police municipale », a commencé Pierre Pavis, maire, lundi soir. Contacté hier, il explique : « J’ai le devoir de protéger mes policiers alors je veux bien réfléchir mais il ne faudrait pas insécuriser en sécurisant. »
Quelle différence entre police nationale et police municipale ?
La police nationale (comme la gendarmerie) est rattachée au ministère de l’Intérieur. La police municipale dépend, elle, de la Ville qui la finance et fixe ses missions.
À Argentan, ils sont cinq policiers municipaux (plus deux ASVP, agent de surveillance de la voie publique). Leurs tâches consistent notamment au contrôle du stationnement, à la sécurisation de manifestations mais surtout « à la prévention », insiste Pierre Pavis.
Que dit la loi ?
Les policiers municipaux peuvent être dotés d’armes de catégories D (tonfa, gaz lacrymo, etc.) et de gilets pare-balles. Un décret de 2010 autorise aussi le port du taser (catégorie B). Quant aux revolvers et pistolets, la demande doit être motivée (c’est-à-dire argumentée) et proposée par le maire, puis soumise à l’autorisation du préfet. Enfin, les policiers municipaux doivent recevoir une formation.
« Suite aux derniers attentats, le président de la République a évoqué dans son discours devant les maires le 18 novembre dernier l’équipement des polices municipales et notamment le déploiement d’armes. L’encadrement est celui d’ores et déjà prévu dans les textes », ajoute la préfecture.
Si ça se fait, dans quel délai ?
On n’en est pas encore là. « Il n’y a pas encore eu d’échanges avec la préfecture ou la police nationale, affirme Pierre Pavis, je me méfie toujours des décisions prises à chaud. C’est normal d’avoir une réaction affective mais pas de prendre une décision sous le coup de la colère. »
Le maire se dit néanmoins prêt à lancer des discussions. Quoiqu’il arrive « ça ne se fera pas du jour au lendemain et pas pour lutter contre le djihadisme, ça n’a aucun sens des pétards contre des Kalachnikovs… »