Tout commence samedi, vers 18 h 30, par un simple contrôle, rue de Rome. La police municipale arrête un scooter, sur lequel circulent deux jeunes hommes, dont le passager, sans casque. Le conducteur, qui n’est pas le propriétaire du deux-roues, n’a pas de papiers sur lui. Les policiers lui demandent de les suivre au commissariat pour vérifier son identité. Devant son refus, la tension monte d’un cran. Les policiers l’interpellent. De façon très musclée, selon plusieurs témoins.
Jets de cailloux et bombes lacrymogènes
« Un des policiers municipaux a projeté le pilote du scooter à terre d’un coup de pied avant de le soulever par la gorge. Cette intervention a soulevé la colère des mères de famille qui ont assisté à ce contrôle », témoigne une habitante, Fatima Dib.
Des jeunes gens commencent à se rassembler et un attroupement d’une cinquantaine de personnes se crée. C’est à ce moment-là que les forces de l’ordre essuient des tirs de projectiles, dont des cailloux. Un agent de la police municipale se serait même retrouvé à terre et aurait pris des coups. La police nationale appelle des renforts et lance quelques bombes lacrymogènes. Les hommes de la Brigade anti-criminalité (BAC) arrivent en nombre. Le quartier des Semailles est entièrement bouclé. Deux personnes, le conducteur du scooter de 22 ans et un jeune homme ayant lancé une pierre sur la police, sont embarquées et mises en garde à vue. Quatre scooters sont confisqués.
Vers 3 heures du matin, les habitants du quartier entendent les premiers pneus exploser : quatre voitures sont en train de brûler. Une Renault Clio sur un parking de la rue de Londres, un véhicule stationné rue de Rome et une Twingo brûlée par propagation. Enfin, une BMW a également brûlé avenue de l’Europe.
À la base, le contrôle du scooter ne s’est pas fait par hasard. Il est le fruit d’une action coordonnée entre police municipale et nationale prévue pour faire cesser le phénomène des rodéos dans la Ville Nouvelle. « Les images des caméras de vidéo-protection et celles des caméras embarquées par la police municipale ont été réquisitionnées après les événements de samedi. L’enquête est en cours pour identifier tous les suspects », commente le maire de Rillieux, Alexandre Vincendet. Qui ajoute ne pas vouloir « reculer face à une ultra-minorité, une quinzaine de meneurs, qui veut faire sa loi et qui empêche les habitants de vivre tranquilles ».
Quant aux habitants des Semailles, certains comptent se rassembler devant l’école ce matin avant d’aller demander des explications en mairie. « Des enfants jouaient sur le square situé derrière le n° 4 rue de Rome, là où s’est passée l’interpellation. Une quinzaine de grenades lacrymogènes ont été lancées par les forces de l’ordre, sans faire la part des choses vis-à-vis de nos enfants », explique ainsi Rizlaine Virone.