69 – Vénissieux sous le choc après la mort d’un policier municipal dans une course poursuite
Un jeune policier municipal de Vénissieux a trouvé la mort le 6 novembre 2014 lors d’une course poursuite avec un véhicule VOLÉ. La maire de la ville évoque « une émotion extrême » tandis qu’un syndicat pointe d’ores et déjà les besoins du métier et notamment l’accès aux fichiers ou encore la mutualisation des fréquences radios avec la police et la gendarmerie nationale.
La ville de Vénissieux était sous le choc après le décès d’un agent de police municipale lors d’une course poursuite au cours de laquelle son véhicule de service a percuté un bus.
L’accident, qui s’est produit dans la nuit du 5 au 6 novembre, peu avant minuit, à Saint-Priest (Rhône), a également blessé grièvement un autre policier municipal, passager du véhicule, aussitôt hospitalisé. Mais, selon la mairie, son PRONOSTIC vital ne serait pas engagé.
Véhicule VOLÉ pourchassé – Selon les premiers éléments, le drame s’est produit peu avant minuit au 68 route de Lyon alors que les policiers avaient pris en chasse une voiture après avoir constaté « plusieurs infractions au code de la route ». C’est lors de cette course-poursuite que le véhicule de la police municipale a heurté de plein fouet un bus des Transports en commun Lyonnais (TCL).
Selon le Progrès, le véhicule pris en chasse a lui été abandonné à quelques mètres de l’accident. Il était muni d’une fausse immatriculation. Les premiers éléments de l’enquête ont permis de démontrer qu’il avait été volé en juillet dernier.
Le conducteur du bus impliqué, sur la ligne C25, et la poignée de passagers présents ont été « très choqués » mais n’ont pas été blessés, a-t-on appris auprès des TCL.
« Le CHAUFFEUR en état de choc a été pris en charge par les pompiers. Il raconte qu’il a vu deux véhicules rouler droit devant lui dont celui des policiers alors qu’il était dans un couloir réservé pour son bus. Il s’est immédiatement rangé sur le côté droit mais la voiture de police l’a malheureusement percuté », ont-ils précisé.
« Emotion extrême » à la mairie – Dans un communiqué diffusé en fin de matinée, la maire communiste de Vénissieux, Michèle Picard, s’est dit « sous le choc face à ce drame » et a apporté son soutien à l’épouse et à la famille de la victime. « Mourir à 30 ans, ce n’est pas tolérable, quelles que soient les circonstances. Mais mourir à 30 ans à cause de la conduite irresponsable de certains est abominable », a-t-elle déploré, avant d’apporter également son soutien aux fonctionnaires de la direction unique prévention sécurité (DUPS) de la ville qui « sont extrêmement choqués ». Elle a par ailleurs précisé qu’une cellule psychologique avait été mise en place.
« Nous oublions souvent que les policiers municipaux sont en première ligne. Ilsremplissent des missions à risque, difficiles, au service de la population et de l’intérêt général. Ces évènements dramatiques nous rappellent cruellement le danger de leur métier », a-t-elle déclaré. « La ville de Vénissieux est meurtrie », conclut-elle.
Pour sa part, le préfet du Rhône et de Rhône-Alpes, Jean-François Carenco, a salué la mémoire du policier tué. Dans un communiqué, le représentant de l’Etat « fait part de sa profonde émotion », et rappelle que les « représentants des forces de l’ordre, policiers nationaux, municipaux, gendarmes et pompiers, prennent tous les jours des risques pour assurer la sécurité de tous. »
Réaction de Christian Estrosi – De son côté, Christian Estrosi, député-maire de Nice et président de la Commission consultative des polices municipales, a fait part de sa « plus grande tristesse » et a également adressé un message de soutien. « Il s’agit d’une épreuve pour tous les policiers municipaux de France qui, en tant que 3ème force de sécurité, paient un lourd tribut pour garantir la sécurité des Français, sans avoir toujours les mêmes moyens juridiques d’intervention, souligne-t-il dans un communiqué. Je rappelle que pour les délinquants, peu importe qu’il s’agisse d’un policier national, d’un gendarme ou d’un policier municipal, ils se comportent avec la même violence.»
La mort des policiers municipaux dans l’exercice de leurs fonctions est un événement rare. En mai 2010, une policière de Villiers-sur-Marne, Aurélie Fouquet, était tombée sousles balles de criminels sur l’autoroute A4. L’événement avait provoqué une vive émotion en France amenant les autorités à relancer plusieurs chantiers professionnels, au premier rang desquels l’amélioration de la coopération des polices municipales avec la police d’Etat. Un chantier qui se poursuit encore aujourd’hui dans le cadre d’une proposition de loi sur l’avenir des polices municipales, que seul le Sénat a pour l’instant examiné et adopté.
FOCUS :
La ville refuse toute polémique, un syndicat pointe les difficultés du métier
Un moment de solidarité et de recueillement. Quelques heures après l’annonce de la mort du policier municipal, un rassemblement pour rendre hommage était décidé sous l’impulsion de la maire de Vénissieux. A 14 heures, ce jeudi 6 novembre, environ 200 personnes se sont ainsi retrouvées en silence dans la salle de la mairie, ouverte à tous. Au côté des membres du conseil municipal, plusieurs dizaine de policiers municipaux de Vénissieux ont éprouvé le besoin de se retrouver. Des collègues de villes voisines comme Saint Fons et Saint Priest notamment ainsi que de Lyon, ont également fait le déplacement. De même qu’une poignée d’habitants, dont certains avec des fleurs. A l’extérieur, le drapeau était en berne sur la mairie.
« Un traumatisme pour les agents » selon le DGA – Parmi les professionnels présents, le directeur général adjoint en charge du pôle prévention, sécurité et citoyenneté, Emmanuel Damato, souligne que « ce drame est un vrai traumatisme pour les agents de la police municipale et au-delà. Pour l’instant, nous sommes sous le choc, nous réfléchissons à la façon de rendre hommage à notre collègue. Nous déciderons de cela dans les prochains jours ».
Pour lui, pas question de polémiquer sur les conditions de travail des agents. « Au-delà de ce drame, l’heure n’est pas à la polémique. La ville de Vénissieux n’a jamais posé de limite à l’équipement de ses policiers. Cette nuit, plus d’équipements ou plus de prérogatives n’aurait pas forcément changé les choses, d’ailleurs sur du flagrant délit, nous avons les mêmes prérogatives que les policiers nationaux» précise-t-il.
Revendications – Côté syndical, cependant, certains pointent d’ores et déjà les difficultés rencontrées par la profession. « Ce n’est pas le moment de la revendication. Nous sommes sous le choc et dans le recueillement, mais il est évident que le ministre entendra parler de ce drame, déclare Patrick Léger, délégué du Syndicat national des policiers municipaux (SNPM) de Rhône-Alpes et Auvergne. Il est anormal que les policiers municipaux ne puissent pas partager avec la police nationale le fichier des véhicules volés, celui des CARTES GRISES ou celui des personnes recherchées. Si tel était le cas, nous éviterions des drames. Par ailleurs, si cette nuit, nous avions eu des moyens radios communs avec la police nationale, les renforts auraient pu arriver très vite. Je ne sais pas si nous aurions évité le drame qui s’est produit, mais il faut y réfléchir et j’irai dans les prochains jours au ministère pour rappeler tout cela ».
source : http://www.lagazettedescommunes.com/290578/venissieux-sous-le-choc-apres-la-mort-dun-policier-municipal-dans-une-course-poursuite/?utm_source=quotidien&utm_medium=Email&utm_campaign=07-11-2014-quotidien