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82 – MONTAUBAN : Derrière les écrans de vidéosurveillance…

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Sécurité

Patrick Carballo, directeur de la police municipale dans le centre de vidéosurveillance où deux opérateurs ne lâchent pas les écrans des yeux./Photo DDM, Chantal Longo
Patrick Carballo, directeur de la police municipale dans le centre de vidéosurveillance où deux opérateurs ne lâchent pas les écrans des yeux./Photo DDM, Chantal Longo

Montauban compte 63 caméras de vidéosurveillance, l’objectif est de 100, d’ici 2020. Visite au cœur du centre de vidéosurveillance, situé dans les locaux de la police municipale.

Tout se passe dans une petite salle où deux opérateurs ont les yeux rivés sur 63 caméras. Des appareils HD avec rotation à 360° et vision nocturne, branchés 24 h sur 24 et 365 jour sur 365. «45 % des caméras sont implantées en centre-ville», détaille Christian Pérez, adjoint au maire en charge de la sécurité. Les premières ont été installées en 2006 en centre-ville. «La vidéoprotection est un outil de gestion, de prévention et de dissuasion», résume Patrick Carballo, directeur de la police municipale. «On va pouvoir protéger par exemple une manifestation qui est en train de se dérouler ou intervenir si des troubles sont en cours». Le plus difficile pour les opérateurs ? «Garder leur attention», répond Patrick Carballo. Les agents travaillent 8 heures par jour.

Des échanges

À la demande de la police nationale, un opérateur peut renvoyer au commissariat l’image en direct d’une des 63 caméras. Seuls ces agents ont la possibilité de zoomer sur une personne ou un objet en particulier grâce aux caméras. Autre utilisation : les images peuvent être revisionnées par des enquêteurs après dépôt de plainte et ça, pour tout type d’incidents : vols de voiture, de vélo, viols, violences, cambriolages, etc. Toutes les vidéos sont conservées 15 jours avant d’être détruites.

Des caméras en plus

L’année prochaine, de nouvelles caméras vont être implantées dans la ville après avoir reçu l’avis favorable de la commission départementale de la vidéoprotection, en clair, la préfecture. Une démarche très réglementée. «Les lieux d’implantations sont réfléchis, insiste Christian Pérez. Il faut qu’il ait un intérêt public.» «Pour faire ce choix, on étudie la situation prévisionnelle, continue Patrick Carballo. Quelle va être le coût technique ? La faisabilité ? Etc.»

La vidéosurveillance a des contestataires mais plus étonnant, de nombreux adeptes. «On a reçu beaucoup de demandes de Montalbanais sur le site Internet dédié à la vie des quartiers, qui voulaient qu’on place une caméra dans un endroit en particulier», indique Christian Pérez. Et côté budget, quel est le montant consacré ? «C’est difficile de répondre car il y a beaucoup de choses qu’il faut prendre en compte comme les frais d’implantation, de fonctionnement, de maintenance, de personnel», assure l’élu. Ce qui est sûr, c’est que la mairie reçoit une enveloppe de la FIDP (Fonds interministériel de prévention de la délinquance) à hauteur de 40 % à 50 %.

Petite nouveauté à partir de l’année prochaine : les caméras vont servir aussi à vidéoverbaliser. Après avoir reçu une formation spécifique, les opérateurs vont avoir les mêmes compétences que les ASVP. «Il n’y a aura pas de verbalisation à outrance», assure l’élu avant que le directeur de la police municipale rajoute : «Ce sera un outil pédagogique qui invitera à la prudence.» Un peu comme les radars…


Rodolphe Portolès, Conseiller municipal de l’opposition Montauban citoyenne ; Front de Gauche

«Cela n’a pas réglé le problème de la délinquance»

Êtes-vous pour la vidéosurveillance ?

Non, Jeannine Meignan et moi-même de Montauban citoyenne, nous y sommes opposés. Marie-Claude Bouyssi l’a été dès le début de la mise en place de ce dispositif. Et aujourd’hui, chaque fois qu’il y a un vote pour l’extension du système de vidéosurveillance, nous votons contre.

Pourquoi ?

Cela n’a pas réglé le problème de la délinquance. C’est vrai que depuis l’arrivée des caméras de vidéosurveillance en centre-ville, il y a moins d’actes de délinquances comme des cambriolages mais le problème s’est en fait déplacé dans les quartiers périphériques. Je prends toujours l’exemple d’une plaie profonde à la jambe, ce n’est pas en mettant un pansement de compression qu’on sera guéri, au contraire, il y aura une infection qui se propagera dans toute la jambe.

Pensez-vous qu’il faudrait des caméras dans toute la ville ?

Non, on serait dans du flicage. Dans ce cas-là, où serait le droit à l’image, la liberté ? Il y a déjà une soixantaine de caméras aujourd’hui. Cela fait à peu près 1 pour 1 000 habitants et c’est déjà énorme.Il faut miser sur l’accompagnement. Le coût financier de ces caméras de vidéosurveillance est très important. Si dès le début, on avait mis rien que 20 % du budget consacré à la vidéosurveillance dans des actions de prévention comme la présence de davantage de travailleurs sociaux, on serait déjà face à une autre situation. Il faut une autre stratégie. Celle de la mairie est de déplacer les difficultés ou encore la mixité sociale en périphérie pour donner une belle image du Montauban historique. Par exemple, les sdf ne peuvent plus rester en centre-ville. Leur frontière est le pont Vieux alors dès qu’ils la franchisent, ils sont repérés et on les ramène ailleurs.

Faut-il avoir peur de l’utilisation des caméras de vidéosurveillance ?

C’est un outil qui n’a pas de limites mais on n’est pas encore dans une utilisation excessive mais il faut se poser la question du danger de ce dispositif : si un fou furieux était maire dans 10-15 ans, quelle utilisation il aurait de ces caméras de vidéosurveillance ?


Brigitte Barèges, Maire de Montauban. Les Républicains

«Une chute de 47% de la délinquance au centre-ville»

Pourquoi avoir mis en place la vidéosurveillance ?

À la suite de retour d’expériences d’autres députés-maires, notamment celui de Chartres et d’Orléans, qui m’avaient fait part des succès enregistrés pour lutter contre la délinquance et l’insécurité, j’ai choisi de positionner ces caméras dans un premier temps sur le centre-ville où les taux de délinquance étaient restés encore élevés malgré les divers dispositifs déjà mis en place.

Nous avons d’ailleurs pu constater une chute de 47 % de la délinquance au centre-ville dès que ces caméras ont été opératives.

Il faut préciser qu’elles ont par ailleurs un effet dissuasif et en même temps rassurant pour les personnes qui habitent dans ces quartiers.

Pensez-vous qu’il faudrait des caméras dans toute la ville ?

Je n’en suis pas persuadée. Aujourd’hui, nous essayons, parce que ça représente un investissement, d’étendre le dispositif dans les endroits les plus à risque notamment pour la protection de nos bâtiments publics et éviter ainsi comme nous l’avons vécu par le passé des incendies criminels, je pense par exemple au gymnase du Ramiérou.

En ce qui concerne les quartiers qui ne sont pas couverts, nous avons suffisamment de moyens aujourd’hui déployés à savoir bien sûr la police municipale, mais également, le dispositif des «Voisins vigilants».

Faut-il avoir peur de l’utilisation des caméras de vidéosurveillance ?

Non au contraire, je pense qu’il s’agit d’un outil à la fois de prévention et de protection. En ce qui concerne la liberté publique, les garanties sont assurées puisque tous ces dispositifs ont été validés par les commissions préfectorales en charge de la préservation de ces libertés publiques. C’est ainsi par exemple que les images sont floutées dès lors que la caméra porte sur un espace privé. Elles ne sont effectivement opératives que sur l’espace public.

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