86 – POITIERS : La police municipale veut le choix de ses armes
Depuis décembre 2014, les policiers municipaux et ASVP portent sytématiquement leurs gilets pare-balles. – (Photo archives NR, Dominique Bordier)
Attentats, montée du sentiment d’insécurité ou faits divers récents ont relancé le débat sur l’armement des policiers municipaux. Les avis sont partagés.
A intervalles réguliers depuis quelques années, le débat sur l’armement de la police municipale ressurgit. Aussi bien dans de petites villes comme Saint-Benoît ou Chauvigny que dans des villes de taille plus importantes comme Châtellerault. Si ces dernières ont sauté le pas en s’engageant dans un processus de formation de leurs agents, d’autres hésitent encore. Pour des raisons diverses. C’est le cas de Poitiers. Chez ses 22 policiers et 13 ASVP (Agents de surveillance de la voie publique), les avis sont partagés *.
Le syndicat Force Ouvrière, majoritaire dans ce secteur, l’admet : « Au niveau national, on est favorables à l’armement, détaille Eric Mancini, membre du conseil syndical et chef de la police municipale depuis 2009, en région c’est plus mitigé ».
« Il y a une méconnaissance des politiques sur ce dossier »
A Poitiers, en sus du tonfa et de la bombe lacrymogène, les « municipaux » ont été dotés voici plus d’un an de gilets pare-balles. Certains souhaiteraient aussi des pistolets à impulsion électrique et des lanceurs de balles de défense.
Du côté du maire, on n’en est pas là. Le port de caméras personnelles est à l’étude, assurait Alain Claeys le 25 mars dernier au cours d’un point-presse consacré à la sécurité. Pour le reste, à savoir la dotation d’armes létales, il n’en est pas question. « Cela ferait basculer le caractère défensif de leur moyen de protection à un caractère offensif,résume l’élu, nos agents n’ont par ailleurs pas vocation, contrairement à ceux de la police nationale, à affronter le danger en première ligne ».
Certains policiers et leurs instances syndicales répètent à l’envi qu’être armés sur la voie publique n’est plus chose absurde. « Les choses évoluent, objecte de son côté Eric Mancini, les policiers municipaux sont souvent les primo-intervenants sur le terrain. Concernant la dotation en armes létales, je rappelle que la formation existe, encadrée par des textes. Chez nous, à Poitiers, sur les 22 agents, nombreux sont ceux qui ont été militaires, anciens gendarmes… »
« Il y a je crois une méconnaissance des politiques sur ce dossier, avance pour sa part Stéphane Renaudon, secrétaire général des territoriaux Force Ouvrière, il faut plus de débat et d’analyse sur un sujet certes compliqué. Nous, on essaie d’être des facilitateurs, d’interpeller. Il faut mettre les gens autour de la table et aller plus loin ».
* La mairie vient d’annoncer la création de trois postes supplémentaires de policiers municipaux d’ici à la fin de l’année. Il s’agit en fait d’une opération à effectifs constants. Au terme d’une formation, trois ASVP intégreront bientôt les rangs des policiers.
le billet
Sécurités
C’est un fait. Depuis les attentats de janvier et novembre 2015, le climat d’insécurité s’est alourdi. Même si ici, loin de Paris, la vie commune semble plus apaisée, les tensions existent. D’où des demandes, parfois pressantes, à Poitiers comme ailleurs, de plus de sécurité et d’armement de la police municipale. Même s’ils n’ont pas à assurer au premier chef les missions régaliennes qui appartiennent à la police nationale, les 22 policiers municipaux ont parfois fort à faire. De là à les armer ? L’arme fait-elle l’autorité ? C’est toute la question.
le chiffre
1.450
C’est la somme en euros
de la rémunération, prime incluse, d’un policier municipal à Poitiers.
A partir de 2017, tous les policiers municipaux devraient bénéficier d’une revalorisation indiciaire.
leurs missions
D’abord verbaliser
Les principales missions des policiers municipaux consistent notamment à verbaliser les infractions :
– aux arrêtés de police du maire,
– au code de l’environnement (protection de la faune et de la flore, la pêche, la publicité…)
– à la police de conservation du domaine routier (dommages causés à un panneau directionnel, à un terre-plein…)
– à la lutte contre les nuisances sonores (véhicules à moteur, postes radio, bruits de voisinage…)
– à la législation sur les chiens dangereux.
source : http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2016/04/07/La-police-municipale-veut-le-choix-de-ses-armes-2678272