86 – POITIERS : « La sécurité ne se résume pas à la vidéoprotection »

L’annonce de la mise en place de 24 caméras de vidéoprotection sur quatre places de la ville (au centre-ville et aux Couronneries), présentée par Centre Presse hier, a été confirmée par Alain Claeys, maire, et Christian Petit, adjoint en charge de la prévention et de la sécurité, lors d’une conférence de presse. Celle-ci n’avait cependant pas pour seul objet la vidéoprotection, que les deux élus ont tenu à replacer dans le cadre global de la politique de prévention et de sécurité de la Ville. Extraits.

> « Première fois ». « Depuis que je suis élu, c’est la première fois que je fais un point presse sur la sécurité, a indiqué Alain Claeys en préambule. La sécurité n’est pas un enjeu politique. En tant que maire, je suis responsable de la sécurité de nos concitoyens. Au-delà de la demande quotidienne, le niveau de menace dans le pays me conduit à relever un certain nombre de dispositifs. »

> Police nationale et police municipale. « La sécurité est une fonction régalienne de l’État et est assurée par la police nationale. La police municipale mène des missions de proximité, pour les infractions aux arrêtés de police du maire, au code de l’environnement, les nuisances sonores, les chiens dangereux… » La police municipale compte 23 agents, dotés de bombes lacrymo, tonfas et gilets pare-balles. Le port de caméras personnelles pourrait être bientôt décidé. « Les doter d’armes létales ferait basculer le caractère défensif des moyens de protection à un caractère offensif. Nos agents n’ont pas vocation à affronter le danger en première ligne. »

> 830.000€ pour la prévention. C’est le budget global de la Ville dans ce domaine (le conseil départemental finance aussi des actions de prévention). Les éducateurs de l’Adsea sont en charge de ces missions, avec 11 personnes qui interviennent directement auprès des jeunes aux Couronneries, à Saint-Éloi, aux Trois-Cités, à Bel Air, à Bellejouanne et à Beaulieu. « Ils font un travail formidable. C’est le préalable à toute politique de sécurité. »

> Des visiophones dans les écoles. Toutes les écoles vont être équipées d’un visiophone, pour l’identification des personnes qui pénètrent sur le site.

> La vidéoprotection existe déjà. Dans tous les bus de Vitalis, mais aussi les parkings municipaux, certains halls d’immeubles, l’Espace 107 (face à la gare) et la place de la préfecture, le maire a rappelé qu’il y a déjà de la vidéoprotection.

> 24 caméras, et pas une de plus durant ce mandat. « Ce sera la seule phase de mise en place de vidéoprotection de ce mandat. Je connais le débat, y compris dans ma propre majorité, et je respecte leur position. Mais c’est ma responsabilité de prendre les décisions qui s’imposent. » Les quatre emplacements choisis (places Leclerc, De-Gaulle, de Provence et de Coïmbra) l’ont été avec la police nationale, sur des zones nécessitant la prévention de faits délictueux. L’installation aura lieu avant l’été en centre-ville, et quelques semaines plus tard aux Couronneries. Le coût est de 350.000€, dont une subvention de 130.000€ sollicitée auprès de l’État.

> Les images ne seront pas visionnées. Les images transmises par les caméras ne seront pas visionnées par des fonctionnaires ou élus municipaux. Elles seront enregistrées et stockées: « Elles pourront être visionnées suite à un crime ou délit et sur réquisition du parquet ou d’un juge d’instruction. »

> Quelle efficacité? Christian Petit, s’appuyant sur un rapport de la cour des comptes: « La vidéoprotection a montré son efficacité en matière de trouble à l’ordre public et d’investigations judiciaires. En matière de prévention, c’est plus difficile: comment savoir combien de faits n’ont pas eu lieu grâce aux caméras? ». Sur le choix municipal, il conclut: « C’est un dispositif très mesuré, très encadré et qui respecte les libertés. »