92 – Colombes réarme sa police municipale
C’était une promesse de campagne de Nicole Goueta (LR). Depuis mardi soir, sept premiers policiers municipaux portent à nouveau un pistolet à la ceinture.Pistolets à la ceinture, énorme flash-ball au poing.
Alors que la nuit commence à tomber en ce mercredi, les policiers municipaux de Colombes procèdent à une opération de sécurisation de la place Aragon, dans le quartier sensible du Petit-Colombes.
«J’avais armé les policiers municipaux en 2001. Ils avaient été désarmés par mon successeur. Le réarmement faisait partir de mes promesses de campagne», rappelle le maire (LR) Nicole Gouéta, confortée dans son choix par les récents attentats. «Aujourd’hui, les policiers nationaux sont réquisitionnés sur Paris. Ce sont les policiers municipaux qui assurent la sécurité dans nos quartiers». Un point de vue partagé… par Philippe Sarre, l’ancien maire socialiste. «Quand j’ai désarmé la police municipale, le contexte n’était pas le même. La menace terroriste n’était qu’en pointillés. Je comprends qu’on le fasse aujourd’hui».
Il faut être pragmatique, plaide Alain Faugeras, directeur de la sécurité et de la prévention. Les armes permettent aux policiers municipaux de remplir toutes les missions de la police nationale car c’est la réalité. Intervenir sur un cambriolage, mettre en place un barrage routier, procéder au bouclage d’un quartier pour rechercher un malfaiteur… Sans arme, on ne peut pas le faire.»
«On est plus confiants»
Lui-même ancien colonel de gendarmerie avoue «avoir sorti son arme souvent au cours de (sa) carrière sans jamais avoir eu à tirer. L’arme fait partie de la négociation.» Arme à la ceinture, Christopher, confirme : «On est plus confiants sur une situation, surtout de nuit. Là, on a commencé un contrôle routier. Rien ne nous dit qu’une personne n’est pas armée dans le véhicule.»
Dans les quartiers sensibles, l’effet est immédiat. «Les jeunes sont calibrés. Il faut qu’on le soit aussi», lâche Christopher. De quoi sombrer dans l’escalade de la violence ? «Non. L’arme n’exclut pas le dialogue. C’est la dernière des protections», affirme Alain Faugeras. Pour l’instant, sept policiers municipaux de Colombes portent un pistolet à la ceinture. «Nous avons suivi une formation de deux jours pour le module juridique et de deux fois cinq jours pour le module pratique», explique Samy Karrout, chef de la police municipale et lui-même armé. Coût : 125 euros par agent pour les deux jours de théorie, la formation pratique étant assurée gratuitement par un policier de Clamart grâce à une convention passée entre les deux villes. D’ici à la fin de l’année, dix nouveaux agents partiront en formation.
«A terme, 35 à 40 de nos 46 policiers municipaux seront armés, prédit Alain Faugeras. De toute façon, 80% de notre police municipale est composée d’anciens gendarmes, policiers nationaux ou militaires. Ils portaient déjà une arme par le passé.» Colombes est la huitième ville du département à armer ses policiers municipaux après Courbevoie, Le Plessis, Asnières, Puteaux, Neuilly, Levalloi et Clamart. Mais pas la dernière. Bois-Colombes et Châtillon viennent à leur tour d’en faire la demande auprès du préfet et le nouveau maire de Clichy a déjà dit qu’il y était clairement favorable.