Affaires Maëlys et Noyer : la personnalité trouble de Nordahl Lelandais
Mis en examen pour assassinat, le suspect est un ancien militaire. Adepte de boxe thaïlandaise et passionné par les chiens, il est décrit comme instable.
PAR LE POINT.FR
Arrêté le 3 septembre puis mis en examen pour « enlèvement et meurtre » dans l’affaire de la disparition de la petite Maëlys, Nordahl Lelandais a été extrait, lundi matin, de sa cellule à la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour être entendu par les gendarmes de la section de recherche de Chambéry dans le cadre de l’enquête liée à une deuxième disparition. À l’issue de cette garde à vue, il a été mis en examen une deuxième fois, le 20 décembre, pour l’assassinat du caporal Arthur Noyer, disparu dans la nuit du 11 au 12 avril..
Dans l’affaire Maëlys, les enquêteurs ont été intrigués par son comportement étrange au cours du mariage auquel il assistait et les nombreux allers et retours qu’il a effectués entre la salle des fêtes où avait lieu la réception et son domicile, la nuit de la disparition. Concernant Arthur Noyer, la présence de Nordahl Lelandais à proximité des lieux où a été vu pour la dernière fois le caporal a été révélée grâce au « bornage » de son portable, qui met en valeur les antennes auxquelles le téléphone mobile s’est connecté. En outre, une Audi ressemblant à celle du suspect a été vue près du lieu de cette seconde. L’intéressé nie toujours son implication dans ces deux affaires. « Il s’est muré depuis dans un silence qui ne présage rien de bon », commente une source proche de l’enquête. Son avocat, Alain Jakubowicz, contacté par Le Point, se refuse à tout commentaire.
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Un ancien militaire de Suippes
Nordahl Lelandais, 34 ans, a effectué une courte carrière militaire au sein du 132e bataillon cynophile de l’armée de terre en 2002. Basé à Suippes, dans la Marne, il a passé cinq ans sous les drapeaux comme maître-chien, mais a été réformé, en 2007, en raison d’un « comportement psychologique instable », possiblement lié à des problèmes d’addiction. D’après Paris Match, Nordahl Lelandais aurait été sanctionné disciplinairement pour avoir consommé des stupéfiants sur zone militaire en mai 2004 et décembre 2005.
Sa passion pour les chiens l’a conduit à créer une société d’élevage canin, enregistrée en février 2010 au registre du commerce et domiciliée rue Nicolas-Parent, à Chambéry. L’affaire tourne court. Et le trentenaire enchaîne alors les contrats d’intérim. À la même période, ses proches notent qu’il se renferme. Selon d’anciennes compagnes, cet adepte de boxe thaïlandaise serait devenu violent. L’une d’entre elles, au moins, lui reproche de l’avoir harcelée et même poursuivie en voiture, indique Le Dauphiné libéré. Un ancien employeur chez qui il a travaillé pendant cinq ans comme chauffeur déclare qu’il était « ingérable, agressif [et] faisait peur. Quand j’ai voulu mettre fin à notre collaboration, il a menacé de mettre le feu à mon entreprise. » D’autres témoignages, à commencer par ceux de ses parents, décrivent au contraire « un homme doux et attentionné ».
Petit dealer et accro aux sites pornos
Installé à Domessin, en périphérie de Chambéry, où ses parents habitent aussi, Nordahl Lelandais se serait livré à de petits trafics. Le voisinage le décrit comme un petit dealer, selon France Inter. Aucune mention, sur ce point, ne figure pourtant à son casier judiciaire. Nordahl Lelandais a, en revanche, été mis en cause dans l’incendie d’un restaurant.
Pour l’heure, l’homme refuse d’endosser toute forme de culpabilité. Le « serial suspect » nie fermement tous les faits qui lui sont reprochés. Face aux preuves matérielles qui s’accumulent dans les deux dossiers, géolocalisation de ses téléphones portables et vidéosurveillances montrant une Audi, un véhicule qui pourrait être le sien, sur les lieux des deux disparitions, il explique que ce n’est pas lui. Après avoir répondu aux questions des enquêteurs qui lui demandaient pourquoi il est rentré chez lui, le soir de la disparition de Maëlys (pour se changer, dit-il), pourquoi il avait longuement nettoyé sa voiture le lendemain (pour la vendre, affirme-t-il), pourquoi l’ADN de l’enfant se retrouve sur son tableau de bord (parce qu’elle est entrée voir ses chiens, prétend-il), il se tait désormais.
Reste un dernier élément troublant qui a été retrouvé par les gendarmes dans l’historique de connexion de son ordinateur. Entre deux consultations de sites pornographiques auxquels le jeune homme semblait accro, Nordahl Lelandais a effectué une recherche sur internet avec les mots-clé « décomposition d’un corps humain » le 25 avril. Soit moins de deux semaines après la disparition d’Arthur Noyer.