Ce dimanche 24 décembre, Salifou, charmant mahométan qui habite présentement le Congo, a téléphoné à son ami « le colonel » pour lui souhaiter un joyeux Noël et la guérison sous le sapin. L’amitié pour un « vieux papa » ne connaît pas de frontières et si l’on fait ici des veillées de prières pour rendre la santé aux malades, on fait là-bas, pour les mêmes raisons, danser le village à la nouvelle lune. Il n’est pas prouvé que cette méthode soit moins efficace.
Salifou est un homme moderne. La petite quarantaine, marchand d’art, fils de marchand d’art, il sillonne l’Europe son portable à l’oreille, vend ici du bois, repart avec des camions d’occasion… Un vrai businessman.
Après les échanges rituels sur la santé, on parle des fêtes.
« – Et toi, fêtes-tu Noël ? demande le colonel.
– Pas vraiment Noël, mais on fait la fête…
– Et qu’est-ce qu’on s’offre comme cadeaux ?
– Une femme.
– Pardon ?
– Oui, c’est le papa qui offre une femme pour la fête des récoltes… S’il est riche, il offre aussi la maison et les meubles…
– Mais dis-moi, Salifou, tu as déjà au moins deux femmes, non ?
– J’en ai trois. Une au Nigeria, une au Cameroun et une au Gabon.
– Et combien d’enfants ?
– J’ai douze enfants, papa Colonel !
– Et tu vas prendre une nouvelle femme ?
– Oui. Mais je m’arrêterai à cinq…
– Pourquoi cinq ?
– Parce que mon père avait neuf femmes, et c’est trop… J’ai quarante frères et sœurs, je ne les connais pas tous… C’est vraiment trop.
– Alors, si je comprends bien, ton cadeau de Noël, c’est une nouvelle femme ! »
Salifou rit. Dit qu’il ne fête pas Noël et doit préparer le ramadan.
« – Le ramadan ? Déjà ? Mais quand est-ce ? demande le colonel.
– C’est dans trois mois, dit Salifou, mais il faut que je commence à stocker la nourriture pour mes femmes. »
Fin du conte. Et du décompte.
Lors du G20 à Hambourg, le 8 juillet dernier, Emmanuel Macron s’est attiré les foudres en parlant des femmes africaines : « Quand des pays ont encore aujourd’hui sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien », a-t-il dit.
Il aurait dû ajouter : quand des hommes africains ont encore aujourd’hui sept à huit femmes qui ont chacune sept à huit enfants, vous pouvez toujours y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien et, surtout, vous ne stopperez pas l’immigration des miséreux vers cette Europe qui brille toujours comme un possible eldorado.
PS : ceci n’est pas une fiction mais l’une de ces conversations surréalistes dont j’ai, une nouvelle fois, été le témoin médusé.