Tout le monde se souvient de ce drame effroyable dont les médias s’étaient tant fait l’écho : Fissenou Sacko, un jeune homme d’origine malienne, fraîchement sorti de prison, avait, dans la période de Noël 2016, été interpellé en flagrant délit dans le Vaucluse après un périple meurtrier au cours duquel il avait sauvagement abattu quatre personnes.
Pour mémoire, l’individu avait quitté son domicile à Beauvais et pris le train jusqu’à Valence, où il avait été une première fois interpellé pour avoir agressé des voyageurs, et conduit dans un établissement psychiatrique d’où il avait pu s’échapper.
C’est ainsi que, le 26 décembre 2016, dans une escapade meurtrière le conduisant de la Drôme au Vaucluse, il aurait poignardé Paulette Guyon, 79 ans, chez elle à Chabeuil, puis Marie-Thérèse et Bernard Philibert, 75 ans, à leur domicile de Montvendre, et le lendemain vers 7 h 30, sur le parking d’un supermarché à Orange, Daniel Duc. Il avait aussi frappé Renée Chevalier, 65 ans, avec une pierre, laquelle décédera de ses blessures le 29 décembre.
Hospitalisé depuis son interpellation, Fissenou Sacko a fait l’objet de deux expertises psychiatriques, menées par un collège d’experts, et vient d’être reconnu irresponsable pénalement, souffrant d’une psychose chronique schizophrénique. La nouvelle a provoqué la colère légitime des familles des victimes, et l’un de leurs avocats, Me Alain Fort, estime que si la pathologie du mis en cause a été aggravée par sa prise quotidienne de produits stupéfiants, « le jeune homme s’est volontairement drogué » et « savait que cela provoquait chez lui de la violence » (Le Courrier picard).
Des proches des familles de victimes ont, par ailleurs, lancé une pétition en ligne, dénonçant l’impunité de l’auteur présumé et réclamant la tenue d’un procès.
Cette affaire pose, une fois de plus, le problème de la cause d’irresponsabilité pénale qu’est la démence, et de la difficulté d’établir le degré de discernement d’un individu ayant commis des crimes sous l’empire de produits stupéfiants, ce qui est curieusement un facteur aggravant en droit positif pour les violences n’ayant pas entraîné la mort, et pas en matière d’homicide, à l’exception des dispositions du Code de la route.
Dans le cas d’espèce, il convient de rappeler que le nommé Fissenou Sacko, né en 1993, n’avait pas seulement des antécédents judiciaires, mais avait également été incarcéré et remis en liberté peu de temps avant les faits.
Il est donc légitime de s’interroger sur la valeur de son irresponsabilité pénale liée à une pathologie chronique qui vient d’être reconnue par des experts psychiatres.
Enfin, le traumatisme vécu par les familles de victimes, que d’aucuns peuvent parfaitement comprendre, mérite bien la tenue d’un procès, ne serait-ce que pour leur permettre de supporter un peu l’indicible.