Deux dossiers majeurs pour l’avenir de notre pays sont aujourd’hui débattus. D’une part celui de la police de sécurité du quotidien et, d’autre part, celui du service national universel. Ces deux projets ont au moins une chose en commun : ce sont des idées sans finalité véritablement établie, et personne ne sait, au gouvernement, ce que l’on peut en attendre, ni comment elles pourront être concrétisées.
S’il est vrai que François Hollande nous avait déjà préparés à l’improvisation et à la navigation à vue, on s’attendait moins, de la part de celui qui ne cesse de pourfendre et de condamner le vieux système, à des signes aussi flagrants d’amateurisme. Ainsi, la police de sécurité du quotidien vient d’être présentée par le ministre de l’Intérieur. Sa théorisation reposerait sur une large consultation menée, ces derniers mois, auprès d’élus et d’acteurs de la sécurité.
Pourtant, hormis la désignation de quinze quartiers sensibles comme devant bénéficier de cette nouvelle politique publique, rien de véritablement nouveau n’est apparu. Les objectifs opérationnels sont, en effet, cruellement absents d’un projet au sein duquel ils auraient pourtant eu toute leur place. Ne sont évoqués que des concepts vagues et fumeux comme « des changements de méthodes », sans préciser lesquelles, ou « un changement d’état d’esprit », sans évoquer ce que cela recèle. Sur le plan pratique, l’annonce d’effectifs supplémentaires, la disparition des tâches indues et le renforcement de la présence policière sur le terrain sont des antiennes tellement entendues sans jamais avoir été suivies d’effets qu’elles ne peuvent, dans le meilleur des cas, que prêter à sourire.
En ce qui concerne le service national universel, mêmes hésitations et mêmes approximations. Il est clair que cette réforme n’a pas été travaillée. Même la durée de ce service national d’un nouveau genre fait encore débat au sein de ceux chargés de le mettre en place. En vérité, seuls les professionnels savent d’ores et déjà que l’affaire est mal engagée. Et que, comme la police de sécurité du quotidien, l’absence de moyens humains et financiers ne peut, dans le contexte d’appauvrissement de nos armées, que conduire à un désastre.
Car, enfin, il faut être lucide. Nos forces de sécurité intérieure et nos armées sont au bord de la rupture. Il manque un nombre considérable de policiers, de gendarmes et de militaires pour conduire à bien les missions dans lesquelles la France est déjà engagée. Nos matériels de sécurité et de défense sont dépassés, vétustes ou inadaptés jusqu’à mettre en danger la vie de celles et ceux qui les utilisent. Alors, pourquoi, dans ce contexte, annoncer de nouveaux projets aussi irréalisables que destructeurs ?
Non, il aurait été peut-être moins porteur électoralement, mais foncièrement plus honnête et réaliste, de concentrer nos moyens humains et financiers sur la reconstruction de notre système sécuritaire. De renforcer nos forces et moderniser nos matériels avant de s’aventurer dans des entreprises aussi mal ficelées et forcément vouées à l’échec.
Mais, une fois encore, les politiques n’écouteront pas les professionnels. Ils préféreront, à l’instar de ce qui est arrivé au général de Villiers, éliminer sans ménagement ceux qui auront eu le courage de dire la vérité et dénoncer les chimères politiciennes. À cet égard, Macron prouve, une fois encore, qu’il n’est en rien différent de ceux qui l’ont précédé. Qu’il n’est en rien porteur du renouveau dont il se targue. Mais que, comme ses prédécesseurs, son autoritarisme fait de lui le détenteur de la vérité.