L’oncle du terroriste des Champs-Élysées écroué
Smaïl Cheurfi est soupçonné d’avoir participé à une attaque à l’explosif contre un distributeur de billets en novembre 2015 dans le Puy-de-Dôme.
PAR STÉPHANE SELLAMI
Il vénérait son oncle. Karim Cheurfi, 39 ans, l’auteur de l’attentat commis le 20 avril 2017 sur les Champs-Élysées à Paris au cours duquel un policier, Xavier Jugelé, avait été tué, vouait une admiration sans faille au frère de son père. Ce dernier s’était occupé de son neveu alors qu’il purgeait une peine de 15 ans de prison pour avoir tenté de tuer un policier au début des années 2000.
Smaïl Cheurfi, 62 ans, vient d’être rattrapé par les gendarmes des sections de recherche (SR) de Paris et de Clermont-Ferrand ainsi que par l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI). Logé chez sa fille à Montfermeil en Seine-Saint-Denis, il a été interpellé, ce lundi 12 février, dans le cadre d’une enquête sur l’attaque à l’explosif d’un distributeur de billets, le 21 novembre 2015 dans la commune de La Monnerie-le-Montel dans le Puy-de-Dôme. Les auteurs de ce vol s’étaient emparés de 70 000 euros.
Empreinte génétique
Déjà connu des services de police, l’oncle du terroriste des Champs-Élysées a été mis en examen avant d’être placé en détention provisoire. Deux de ses complices présumés avaient déjà été identifiés et incarcérés. Parmi eux figure un « poids lourd » du grand banditisme : Daniel Bellanger, 59 ans, surnommé Babar, membre de la Dream Team, un gang de braqueurs chevronnés, soupçonnés de multiples et spectaculaires vols à main armée à la fin des années 90.
Les gendarmes ont remonté la piste de Smaïl Cheurfi après avoir relevé une empreinte génétique inconnue dans une voiture abandonnée par les auteurs de l’attaque de novembre 2015. Cet ADN avait, ensuite, été identifié après avoir été comparé à une empreinte génétique découverte au domicile de Karim Cheurfi, après l’attentat des Champs-Élysées. « L’identité de son oncle a alors été communiquée aux gendarmes de la SR de Clermont-Ferrand en charge de cette enquête, confie une source proche de l’affaire. Mais quand les policiers parisiens se sont rendus chez lui à Gagny juste après l’attentat des Champs pour l’interroger sur les liens qu’il entretenait avec son neveu, il avait disparu. »
Finalement contacté par la police, Smaïl Cheurfi avait refusé de se présenter aux enquêteurs de la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de Paris. L’homme avait, sans doute, compris qu’il allait être interrogé sur la provenance du fusil d’assaut kalachnikov utilisé par Karim Cheurfi pour s’en prendre à des policiers patrouillant sur les Champs, avant d’être lui-même abattu. Les investigations ont démontré depuis que l’auteur de l’attentat n’avait pas fait appel à son oncle pour récupérer cette arme de guerre.
D’autres enquêtes en cours
Par ailleurs, Smaïl Cheurfi avait été blessé lors d’une course-poursuite avec la police au mois de novembre 2004 alors qu’il était soupçonné d’avoir pris part, quelques mois plus tôt, à un audacieux vol par effraction dans un bureau de change Travelex des Champs-Élysées. À l’époque, plusieurs inconnus étaient parvenus à percer un mur dans les sous-sols de la plus belle avenue du monde pour accéder aux cinq coffres de l’établissement de change, puis de prendre la fuite avec près d’un million d’euros en poche.
Smaïl Cheurfi pourrait ne pas en avoir fini avec la justice. Des rapprochements sont en cours avec une double tentative d’homicide sur des policiers du côté de Marseilleet une autre attaque de distributeur de billets commis en septembre 2014 dans la commune de Nogent-sur-Vernisson (Loiret).