Elle filme son agresseur sexuel et poste la video sur le web
Ras-le-bol et colère. C’est ce qui a poussé la Youtoubeuse «Lina Bikiche», 28 ans, à filmer son agresseur et à poster la vidéo sur Facebook et Snapchat.
Nous sommes dimanche dernier, et Lina vient de retirer de l’argent au distributeur, à côté de la station Jean-Jaurès. Elle a encore son portefeuille à la main quand un homme l’accoste et lui demande une cigarette. Elle n’en a pas et poursuit son chemin. Il la rattrape, lui demande si elle fait du sport. «Or, il y a trois mois environ, un homme m’avait déjà accostée de nuit, aux alentours de la station Compans-Caffarelli. L’homme m’avait posé une première question, à laquelle j’avais répondu et puis m’avais de nouveau rattrapée. Il m’avait alors demandé si je faisais du sport. Je lui avais répondu et il avait continué à me poser des questions, qui n’avaient aucun lien les unes avec les autres. J’avais alors baissé la tête et vu qu’il se masturbait au travers de son pantalon. Il était parti en courant, je lui avais couru après mais deux hommes m’avaient arrêtée, me disant que c’était un malade qui avait besoin de soins. Je n’avais pas clairement distingué son visage.»
Alors quand l’homme lui demande de nouveau si elle fait du sport, cela fait tilt. Elle baisse alors le regard et remarque «un mouvement de va-et-vient répété au niveau de son pantalon.» L’homme a la main dans sa poche. «Quand il a vu que j’avais vu, il a levé les mains, et j’ai commencé à filmer. Il est finalement parti en courant.» Elle poste alors la vidéo «pour avertir les femmes et leur dire de faire attention.» La vidéo est vue par 134 000 personnes, partagée 2 100 fois. Elle pensait déposer une main courante, sur les conseils de la police, mais l’histoire la rattrape.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, alors qu’elle sort de boîte, du Duplex, et qu’elle rentre chez elle en longeant les allées Jean-Jaurès, elle le repère. Exactement le même scénario que lors des deux fois précédentes : un prétexte pour l’approcher, il fait semblant de partir, puis revient pour prolonger la conversation, «toujours la main dans la poche». Lina sort son portable, filme de nouveau la scène. Il se met à courir et elle le suit, tout en appelant police et amis. Les policiers sont très rapidement sur place et appréhendent l’homme. Placé en garde à vue, il reconnaît les faits et confie agir «par pulsions». Cet homme serait déjà connu pour des faits d’ordre sexuel. Il est suivi par l’hôpital psychiatrique mais il a expliqué avoir arrêté son traitement, se pensant soigné. Il a été présenté au procureur hier matin, dans l’attente d’une décision judiciaire.
Sur le Facebook de Lina, certains lui reprochent d’avoir filmé l’homme à visage découvert, le jetant au «tribunal de Facebook», comme l’écrivent certains en commentaire. Lina, elle, ne regrette pas : «Quand les policiers sont intervenus, ils avaient vu la vidéo. Je pense que cela m’a aidée à être prise au sérieux.» Elle a néanmoins retiré la deuxième vidéo : «Je voulais avertir mais ne pas en faire trop.» Elle a déposé plainte.