Migrants : les Comores renvoient vers Mayotte un bateau de clandestins
Après que Paris a expulsé des immigrants clandestins, Moroni a décidé de les renvoyer à Mayotte, refusant la décision de la France.
SOURCE AFP
La situation ne s’arrange guère à Mayotte, et voilà que les Comores viennent alimenter les tensions. Mercredi, cet archipel de l’océan Indien a décidé de renvoyer vers Mayotte un bateau devant accoster sur leur île d’Anjouan. À son bord : près d’une centaine d’immigrants clandestins, en grande majorité de nationalité comorienne, expulsés par la France. Pour Moroni, ces expulsions sont illégales.
Le Gombessa, navire battant pavillon comorien, s’est présenté mercredi en fin de journée devant le port de Mutsamudu, a constaté un journaliste de l’AFP. Mais les autorités locales lui ont refusé d’accoster sur ordre du gouvernement de Moroni, qui a publié une circulaire interdisant le retour sur son territoire des expulsés de Mayotte. « Pour des raisons de sûreté et de sécurité, il est interdit aux compagnies maritimes et aériennes […] d’embarquer à destination des autres îles sœurs toute personne considérée par les autorités qui administrent Mayotte comme étant en situation irrégulière, et ce, jusqu’à nouvel ordre », indique le document.
Moroni revendique la souveraineté sur Mayotte
La circulaire signée par le secrétaire d’État comorien en charge des Transports Soulaimana Kaambi, que l’AFP a pu consulter, est entrée en vigueur mercredi. Après deux heures de blocage, le navire a été sommé de repartir et a repris la direction de Mayotte, a indiqué la capitainerie du port de Mutsamudu. L’île deMayotte est paralysée depuis un mois par un mouvement de contestation socialecontre l’insécurité et l’immigration clandestine en provenance des Comores, dont le produit intérieur brut (PIB) par habitant est 13 fois plus faible.
Chaque année, quelque 20 000 personnes sont renvoyées de Mayotte vers l’archipel comorien. Les Comores, archipel composé de quatre îles (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), ont proclamé leur indépendance de Paris en 1975, mais Mayotte a décidé de rester dans le giron de la France. Depuis, Moroni revendique la souveraineté sur ce département français et s’oppose aux expulsions de ses ressortissants. Le ministre comorien des Affaires étrangères Mohamed Soeuf Elamine a rejeté dimanche dernier la responsabilité de l’insécurité à Mayotte sur les autorités françaises qui conduisent, a-t-il dit, des « expulsions illégales manu militari ».
Marine Le Pen prête au « bras de fer »
Marine Le Pen a appelé jeudi sur une radio mahoraise, Radio Kwezi, à « un bras de fer » avec les Comores, selon des propos retranscrits sur Twitter. « Les Comores refusent de récupérer leurs compatriotes clandestins à Mayotte. Dans le quart d’heure, l’ambassadeur des Comores devrait être convoqué par les dirigeants français pour demander des explications », a déclaré la présidente du Front national.
Selon elle, « s’il faut faire un bras de fer avec les Comores, eh bien, faisons un bras de fer ! Quand va-t-on enfin défendre nos propres compatriotes face à un comportement inadmissible des Comores ? Notre faiblesse est une incitation à ce type de comportement », a-t-elle ajouté. Elle affirme qu’« en rendant les Mahorais minoritaires sur leur sol ancestral, cette submersion remet en cause leur sécurité, leur avenir, leur prospérité ».
La présidente du FN a également passé « un message personnel à chaque Mahorais : nous ressentons ce que vous ressentez, nous sommes terrifiés de voir ce que vous vivez, et nous ferons tout pour vous sortir de cette situation ! » a-t-elle dit, réclamant qu’un « état d’urgence » soit mis en œuvre à Mayotte. Selon elle, « les mesures prises actuellement ne sont pas à la hauteur ».