Que se passe-il au pôle gare ? Les promesses d’un centre-bus apaisé n’ont pas résisté au temps. En 2014, une enveloppe de 4,8 millions d’euros avait été consacrée à sa rénovation. Quatre ans plus tard, les tensions n’ont pas quitté cet espace situé sous Place d’Arc.
Elles se sont même amplifiées depuis deux mois. Une trentaine, parfois même une cinquantaine de jeunes s’y retrouvent au cœur de l’après-midi. Presque tous les jours. « Ils viennent aux horaires de sortie de lycée. Ils zonent, ils provoquent, raconte un témoin. Il s’agirait de bandes avec des adolescents de Fleury et de Saran. »
« Place d’Arc est l’une de nos priorités »
Que font-ils ? Que recherchent-ils ? « Nous ne le savons pas, admet Olivier Geffroy, maire-adjoint à la sécurité. En tout cas, nous ne sommes pas sur la thématique d’une conquête de territoire liée à la drogue. »
Il n’empêche que ces regroupements perturbent la sérénité du centre-bus ; ils inquiètent. « Les jeunes se mettent à hurler, on ne sait pas pourquoi, renchérit un témoin. La police arrive, ensuite, pour les disperser. »
D’ailleurs, elle a déjà mené douze opérations au pôle gare depuis le 1er janvier. « Il n’y a jamais eu de dégradations, ni d’agressions mais la situation se tend lorsque nous intervenons. Nous sommes obligés de sortir les chiens », raconte Olivier Geffroy. Six interpellations ont été enregistrées.
Et ce n’est pas terminé. « Place d’Arc est l’une de nos priorités. On va continuer nos opérations coup de poing et multiplier les patrouilles en fin de journée. » Ici, la situation est extrêmement compliquée. Parfois, explosive. « On voit des gars avec des vélos volés qui viennent nous narguer », racontent les employés de l’atelier Vélo’+.
Problèmes d’hygiène avec les SDF
Mais le pôle gare, ce n’est pas, aujourd’hui, qu’un sentiment d’insécurité. « Un problème d’hygiène, aussi », constate Alexandrine Leclerc, adjointe aux solidarités. Précisément, à proximité de l’abri vélo sécurisé.
Là, une demi-douzaine de personnes en situation de grande précarité s’y sont installées sous des couvertures et des duvets. Quatre mois que leur vie est organisée dans un véritable capharnaüm. Des canettes, des emballages jonchent le sol. Les sacs-poubelle ne suffisent pas à tout engloutir.
« Ils urinent sur les murs, ils interpellent sans arrêt les passants qui n’osent plus accrocher leur vélo aux arceaux », témoigne un riverain. « Ces regroupements commencent à durer et cela engendre un souci d’hygiène sur la voie publique », convient l’élue.
« Cette situation peut susciter l’émoi »
Ces hommes, le plus souvent jeunes, refusent de rejoindre les centres d’hébergement d’urgence. « Certains sont accompagnés d’un chien. Or, aucun de ces établissements n’accueille les personnes avec un animal », explique Alexandrine Leclerc. D’autres repoussent, simplement, l’idée de s’y rendre par crainte des agressions et des vols.
« Cette situation peut susciter l’émoi. Le CCAS (centre communal d’action social) rencontrera prochainement l’État pour évoquer la situation des SDF avec les chiens, annonce-t-elle. On va travailler pour trouver des solutions. » « La police municipale les informe aussi sur leurs droits », précise Olivier Geffroy.
Le pôle gare traverse, donc, une zone de turbulences. Les secousses interviennent à intervalles réguliers. Pour combien de temps encore ? « Il faudra anticiper la question de la sécurité dans le futur projet d’aménagement de Place d’Arc. Ça fera partie des enjeux », projette Olivier Geffroy. Les ambitions pour ce carrefour des transports en commun étaient déjà identiques en 2014.
Nicolas Da Cunha