La ville de Vitry-le-François pourrait bien rejoindre dès cette année la liste des villes de France qui pratiquent la vidéo-verbalisation. La nouvelle a été annoncée le 3 avril lors du dernier conseil municipal. On peut d’ores et déjà parier qu’elle sera très diversement appréciée au sein de la population. Surtout après le bond réalisé par le montant de l’amende due en cas de non-respect du stationnement réglementé (zone bleue), laquelle est passée de 17 à 35 euros sur décision de l’État.
La mission sera néanmoins confiée à la police municipale qui, en plus de ses huit agents de terrain (chef de service compris), dispose d’un opérateur dédié au contrôle du système de vidéosurveillance (ou vidéoprotection), composé pour l’heure de 22 caméras (et bientôt 24). Le passage à la vidéo-verbalisation, dont la première expérience dans l’Hexagone remonte à 2008, à Draguignan, vise à lutter contre les infractions au code de la route et aux règles de stationnement « de manière plus efficace », c’est-à-dire sans nécessiter l’intervention physique des agents.
Les contrevenants dans le collimateur
Si le projet atteint son terme, le dispositif vidéo existant sera donc mis à profit afin de verbaliser à distance « certaines infractions graves ou génératrices d’accident » telles que le non-port de la ceinture, le non-respect des feux tricolores, du sens de circulation ou de l’obligation de s’arrêter. Toutes les caméras vitryates ne sont pas positionnées de manière à être utiles pour la vidéo-verbalisation. Celle-ci sera plutôt mise en œuvre sur les axes en entrée ou sortie de ville et dans le centre-ville vitryat. Les stationnements en double file, sur le trottoir ou les passages protégés seront particulièrement sanctionnés. La municipalité espère que « l’effet dissuasif et préventif de la vidéo-verbalisation contribue à fluidifier la circulation tout en responsabilisant les automobilistes ». Avant de pouvoir instaurer la vidéo-verbalisation, la Ville devra recueillir l’agrément des autorités (procureur, préfet, officier du ministère public, Commission nationale informatique et libertés, Comité d’éthique vidéo local). En digne représentant de l’opposition vitryate, Michel Biard (DVD) s’est étonné de constater que les efforts seraient surtout portés sur le centre-ville : « Pourquoi ? Parce qu’il y a plus de magasins et donc plus de circulation ? Cela voudrait dire qu’on y respecte moins le code de la route que dans les autres quartiers de la ville ? Cela me semble discriminatoire… »
Une police municipale plus répressive
Face aux craintes de voir la police municipale verbaliser à tour de bras sans discernement, le maire, Jean-Pierre Bouquet, s’est voulu rassurant. « Il n’y a qu’un opérateur pour 22 caméras, il ne pourra pas tout visionner… »
En 2017, l’action de la police municipale en matière de lutte contre les infractions routières a très sensiblement augmenté avec 94 infractions relevées au code de la route (+ 47 %), 1 256 stationnements irréguliers hors zone bleue (+ 85 %), 32 mises en fourrières (+ 23 %) et 222 infractions impliquant des poids lourds (+ 23 %).
Au cours de ce même conseil municipal, a été annoncé l’achat d’un cinémomètre mobile ; autrement dit un radar pour contrôler la vitesse des usagers de la route. « Celui-ci sera déployé à titre préventif et placé sur les axes de manière à collecter des données sur les vitesses pratiquées. Si les habitats d’un quartier nous signalent des problèmes, nous pourrons mettre en œuvre ce radar à leur demande », a expliqué Laurent Burckel, adjoint à la sécurité. Et pour que les agents de police municipale soient parfaitement mobiles, ils recevront deux motocyclettes de 125 cc neuves, en plus de leur véhicule d’intervention Duster (sérigraphié) et Clio (banalisée).