Alexandre del Valle est un géopolitologue renommé, spécialiste entre autres de la menace islamique, professeur à l’IPAG et à Sup de Co La Rochelle, qui intervient souvent dans les médias. Il est connu, en particulier, pour avoir tenu tête, lors d’un débat, à M. Mélenchon et à M. Plenel, qu’il a récemment qualifié de « collaborateur de l’islamisme » dans l’émission « Salut les Terriens » de Thierry Ardisson, le 22 mars dernier. M. del Valle est souvent interviewé dans Boulevard Voltaire sur des sujets de sécurité.
Son dernier livre, La Stratégie de l’intimidation : du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct(Éditions L’Artilleur) est remarquable. Clair, précis, charpenté, touffu, bien écrit, il présente la menace islamique et l’accompagnement de celle-ci par une stratégie, malheureusement trop souvent efficace, de mise en accusation de l’Occident.
Les attentats sont, certes, commis par une minorité, mais la majorité des musulmans a une attitude qu’on peut qualifier d’ambiguë. Le but suprême de beaucoup de fidèles du prophète étant d’islamiser le monde, tous les moyens sont bons pour arriver à ce résultat. Une des tactiques est incarnée par l’expression « alsam taslam » (= soumets et tu auras la paix). Des groupes violents persécutent, voire tuent ceux qui dénoncent les « dérives » de la religion du prophète (Salman Rushdie, l’écrivain sri lankais Taslima Nasreen, Pim Fortuyn, Theo van Gogh, Charlie Hebdo…). Du fait de cette campagne de terreur, plus personne n’ose s’élever contre l’islam, alors qu’on continue à critiquer sans retenue et à moquer un christianisme autrement pacifique.
À côté de ces extrémistes qui sèment la mort existe une galaxie d’organisations qui dénoncent les attentats du bout des lèvres, mais surtout mènent une campagne virulente contre une islamophobie largement imaginaire dans le seul but de renverser les rôles. L’Occident n’est plus victime mais coupable, et c’est sa prétendue intolérance qui crée les terroristes. On ajoute deux arguments. Le premier : au Moyen Âge et à l’époque moderne, les États musulmans (califat, Al-Andalus, Empire ottoman) étaient des modèles de tolérance et de respect des autres religions, contrairement à la « barbarie » chrétienne qui a donné l’Inquisition et l’expulsion des Juifs et des Maures d’Espagne. Pourtant, l’Espagne mahométane a connu de nombreux pogroms antijuifs et des persécutions sanglantes de chrétiens. Et vers 1230, tous les non-musulmans ont été collectivement expulsés d’Al-Andalus.
Deuxième argument aussi fallacieux : les Occidentaux ayant oublié, après la chute de l’Empire romain, les auteurs grecs et latins, ce sont les savants musulmans qui leur ont transmis les manuscrits des Anciens et permis la Renaissance. En réalité, les auteurs antiques n’ont jamais été oubliés. Constantinople, la Sicile normande, l’Espagne chrétienne ont contribué bien plus que les musulmans à diffuser les manuscrits antiques. En outre, l’incontestable bouillonnement intellectuel du califat est dû, en grande partie, aux Perses sassanides et à des savants chrétiens ou juifs, originaires du Moyen-Orient ou d’Espagne.
Cette intimidation islamique connaît une grande réussite. Des dirigeants occidentaux (MM. Bush, Obama, entre autres, mais la liste est longue) ont tenu des discours de repentance sur un supposé racisme occidental, nous désarmant intellectuellement. Beaucoup d’intellectuels, nombre de manuels scolaires développent les thèses fausses de la tolérance d’Al-Andalus et de la dette imaginaire de l’Occident envers les savants musulmans. Plus virulents, des leaders de gauche épousent quasiment les thèses islamiques et présentent les musulmans comme le nouveau prolétariat opprimé par le capitalisme. De plus, l’antisionisme est proche de l’antisémitisme. La haine d’Israël amène certains à justifier les attentats, même contre des civils. Le courant islamo-gauchiste est influent dans les médias et impose souvent une vision faussée du problème musulman.
On ne peut que recommander la lecture de ce livre décapant. Espérons qu’il donnera le signal d’une prise de conscience et d’une révolte nécessaire de l’Occident. Sinon, le pire est possible.