Émeutes au Mirail : déjà d’importants dégâts
La situation reste très fragile voire tendue dans le quartier du Grand Mirail à Toulouse où les nuits d’émeutes se suivent entre policiers caillassés et véhicules incendiés.
Trois nuits d’émeutes, près de soixante voitures détruites, vingt-trois personnes interpellées… la tension est palpable depuis dimanche soir, dans le secteur sensible de la Reynerie et plus largement du Grand Mirail à Toulouse.
Si pour le Préfet, Pascal Mailhos, «les incidents ont connu une moindre intensité» dans la nuit de mardi à mercredi, «que les nuits précédentes dans les quartiers de la Reynerie et de Bagatelle», du côté des forces de l’ordre sur le terrain, «la situation est restée très violente et dangereuse». Bilan : cinq nouvelles interpellations de personnes âgées de 18 ans à 38 ans pour des dégradations et autres violences volontaires aggravées. Certains ont été arrêtés avec de pétards de type mortier, des bouteilles d’acétone ou d’essence et des briquets. Les policiers décrivent de véritables guets-apens bien orchestrés avec des mises à feu de véhicules, comme à la concession Citroën, boulevard Eisenhower où des individus ont été vus en train de s’introduire aux alentours de 22 heures. Des incendies destinés à faire venir les sapeurs-pompiers, escortés par la police, afin de mieux caillasser les forces de l’ordre avec toutes sortes d’objets dangereux. Pour les habitants du secteur, victimes eux aussi des émeutiers, les nuits sont rythmées, depuis dimanche, par le bruit de l’hélicoptère de la gendarmerie qui survole le quartier et éclaire de son puissant phare les coursives des immeubles et autres points chauds. Ils subissent le bruit des sirènes et des caillassages. En trois jours, le bilan n’a cessé de s’alourdir mais il reste matériel puisqu’aucun blessé n’était à déplorer hier.
Abribus explosés, poubelles, mobilier urbain, bitume brûlé… les services de Toulouse Métropole ont dressé un premier bilan du préjudice matériel de ces émeutes pour la collectivité à savoir 21 containers brûlés, cinq véhicules brûlés ainsi que 128 m2 d’enrobés à reprendre.
Les réelles motivations des émeutiers, dont beaucoup sont manipulés, restent floues. La mort de Jaouad S., 27 ans, un détenu retrouvé pendu à la prison de Seysses ce week-end aurait pu mettre le feu aux poudres. Le jeune homme était pourtant originaire du quartier des Izards où une marche blanche est organisée cet après-midi et où aucun incident n’est pour l’heure à déplorer. Ce prétexte est-il un nuage de fumée qui cache un problème plus ancré dans le quartier ?
Hier en tout cas, pour la préfecture, la situation demeurait «très fragile dans les quartiers du Mirail». Elle promettait : «Les forces de l’ordre resteront massivement présentes dans les jours à venir pour éviter toute reprise des incidents».
Le chiffre : 60
Véhicules > Détruits. En trois nuits, une soixantaine de véhicules ont pris feu au cours des émeutes par incendie volontaire ou par propagation. La concession Citroën a payé un lourd tribut.