Un commerçant devant les assises de l’Eure : « Je n’ai pas eu l’instinct d’appeler les gendarmes »
«Vous pouviez appeler les gendarmes ou leur faire peur avec votre fusil. Vous aviez d’autres alternatives », analyse le président de la cour d’assises de l’Eure, à Évreux. « J’ai paniqué et j’ai eu peur, répond Stéphane Moire. Je n’ai pas eu l’instinct d’appeler les gendarmes. » Depuis hier, ce commerçant qui travaille avec sa femme sur les marchés depuis une dizaine d’années, est jugé pour avoir tiré sur Stéphane Gasty, un homme de 43 ans qui tentait de cambrioler sa maison à Champignolles (Eure). Ce dernier comparaissait pour la tentative de cambriolage.
« J’ai juste eu le temps de poser mes mains sur le volet, raconte le cambrioleur. On a entendu un bruit sourd et j’ai vu que j’avais un doigt en moins. J’avais mal, j’ai crié et on est partis aussi sec. »
Le 4 avril 2014, il tente avec deux autres hommes de s’introduire dans la demeure du boucher-charcutier. Celui qui présente plusieurs mentions à son casier judiciaire, dont une pour association de malfaiteurs, indique qu’on lui a proposé ce cambriolage. Qu’il n’était ni armé, ni cagoulé. Il précise lors de sa garde à vue que lui et ses complices se rendaient « à Aigle » et qu’ils ont alors « vu une maison qui paraissait abandonnée ».
Un deuxième coup de fusil
Se sentant menacé, Stéphane Moire a tiré un premier coup de feu au sol en direction de la porte-fenêtre. Il est ensuite sorti sur le chemin de sa propriété vers les trois hommes et a tiré un deuxième coup de fusil en l’air pour les « faire fuir ». Mais il conteste avoir voulu les blesser. Il voulait juste les effrayer. La veille, il avait été victime d’un malaise cardiaque sur un marché et avait été mis au repos par un médecin le lendemain.
Stéphane Gasty a été interpellé au mois d’août, alors que les gendarmes venaient arrêter son fils dans le cadre d’une autre affaire. Il avait les mains dans les poches, les gendarmes lui ont alors demandé de les sortir pour s’assurer qu’il s’agissait bien de lui.
Le procès se termine demain. Stéphane Moire encourt jusqu’à quinze années de réclusion criminelle.
Elise KERGAL |