Les Européens ont accueilli 538 000 demandeurs d’asile
En 2017, le statut protecteur de demandeur d’asile a été accordé à plus de 500 000 personnes, dont 175 800 Syriens. Les Suisses sont les plus ouverts !
Les chiffres publiés par Eurostat sur les demandeurs d’asile acceptés en Europeen 2017 corrigent quelques idées reçues et confirment l’Allemagne comme première destination des demandeurs d’asile. Avec 325 400 personnes, la patrie de la chancelière Merkel a absorbé, à elle seule, plus de 60 % du choc qui a conduit les Européens à ouvrir leurs portes à 538 000 demandeurs d’asile. A contrario, 432 000 personnes se sont vu refuser le statut de demandeur d’asile. Les deux nationalités les plus protégées correspondent à deux zones de guerre, la Syrie (94 % de réponses positives en première instance) et l’Érythrée (92 % de réponses positives en première instance).
Le nombre de bénéficiaires du statut de demandeur d’asile est en baisse de 25 % par rapport à 2016. Après l’Allemagne, la France est la deuxième destination (40 575 demandeurs d’asile), devant l’Italie (35 100), l’Autriche (34 000) et la Suède (31 200). Sur les 538 000 demandeurs d’asile reconnus comme tels, la moitié (271 700 personnes) ont obtenu le statut de réfugié, 189 000 la protection subsidiaire et 77 500 une autorisation de séjour pour des raisons humanitaires. Le réfugié est une personne persécutée (en raison de sa race, sa religion, ses opinions politiques…), tandis que la protection subsidiaire est accordée au demandeur d’asile qui, sans remplir les critères du réfugié, est exposé dans son pays à la peine de mort, à la torture ou à une menace grave contre son intégrité physique. On trouvera une définition précise de ces différents statuts ici. Le caractère humanitaire de l’aide relève des législations nationales, tandis que le statut de réfugié et la protection subsidiaire sont définis par la législation européenne.
Même Viktor Orban a fait un effort d’accueil
Le taux de réponses positives donne une petite idée de la plus ou moins grande ouverture d’un pays à l’immigration. La République tchèque est la plus fermée avec 12 % seulement de réponses positives en première demande, et zéro pour cent en appel. L’Islande, avec 18 %, est également très sélective. On ne sera pas étonné d’apprendre que la Pologne, avec 25 %, et la Hongrie de Viktor Orban, avec 31 %, figurent en queue de peloton.
Néanmoins, Budapest a ouvert le statut de demandeur d’asile à 580 Afghans, 385 Syriens et 190 Irakiens. Donc, même le régime de Viktor Orban a fait un petit effort. De son côté, Varsovie a accordé le statut de demandeur d’asile à 280 Ukrainiens (un pays dont la Pologne se sent très proche), 115 Russes et 35 Tadjiks. Ces deux pays ont refusé de jouer le jeu de la solidarité européenne vis-à-vis de l’Italie et de la Grèce en rejetant les relocalisations provisoires obligatoires décidées par le Conseil européen en 2016. Ils sont poursuivis devant la Cour européenne de justice.
La Suisse, le pays qui dit « oui » le plus
Autre curiosité, la Suisse, qu’on dit si fermée à l’immigration, a été le pays qui a le taux de réponses positives en première demande le plus élevé avec 90 % (juste devant l’Irlande, 89 %). La Confédération helvétique a ainsi accordé le statut de demandeur d’asile à 14 610 personnes en première demande, dont 5 385 Érythréens, 3 050 Afghans et 2 420 Syriens. La France, elle, a d’abord accueilli les Afghans (6 685), les Syriens (4 990) et les Soudanais (4 945). La première nationalité des demandeurs d’asile en Italie est composée de citoyens nigérians (5 075), devant les Pakistanais (3 615) et les Gambiens (2 925).
Les pays de l’espace Schengen relèvent du règlement Dublin III pour gérer l’asile et l’immigration. Ce règlement, qui ne donne pas satisfaction, est actuellement renégocié entre ses membres. La négociation devrait aboutir en juin. La France défend toujours une « obligation d’accueil » solidaire entre les États membres, quitte à ce que les États retrouvent des « flexibilités » pour en fixer le taux.