Il y a une huitaine de jours, dans ces mêmes colonnes, nous écrivions à propos d’un article sur la télémédecine :
« Si la téléassistance, la télé-expertise et, à un degré moindre, la télésurveillance sont faciles à mettre en œuvre et ne semblent pas présenter de risques majeurs pour le malade, la téléconsultation et la régulation médicale posent d’autres problèmes liés à l’absence de contact physique entre le patient et le médecin.
En dehors des cas extrêmes, plus ou moins caricaturaux (patient inconscient, hémorragie, etc.), la régulation médicale à distance est très difficile à réaliser et peut être la source de graves erreurs d’appréciation.
Comment évaluer à distance le facteur anxieux qui majore les symptômes ?
Ou, inversement, comment repérer des symptômes graves que l’appelant parfois minore ?
Comment, à distance, évaluer la toux qui témoigne d’une bronchite de celle qui est le signe d’une décompensation cardiaque ?
La réponse à apporter dans ce type de situations est très difficile, et généralement le régulateur opte pour l’éventualité la plus grave pour déclencher une intervention adaptée. »
La réalité nous a malheureusement rejoints avec l’affaire du SAMU de Strasbourg qui n’est, hélas, pas la seule.
Nous nous garderons bien de porter un jugement sur une affaire dont nous ne connaissons pas les détails, mais ce que l’on peut affirmer d’ores et déjà, c’est que, bien sûr, les services hospitaliers, et tout particulièrement le SAMU, manquent de moyens, mais le problème de fond reste celui de la prise de décision à distance en l’absence de tout contact physique avec l’interlocuteur ; et à l’heure où on veut développer ce type de prestation médicale (la télémédecine), en nous proposant cette solution miracle pour pallier le manque de médecins, la réalité vient nous rappeler que la plus extrême prudence doit être de mise dans son application.
Encore une fois, et nous ne cesserons de le répéter : à distance, on peut traiter des dossiers mais pas des malades.