Crimes sexuels. Comment réduire la récidive ?
Si le risque zéro de récidive n’existe pas, le suivi actuel des délinquants sexuels est-il suffisant ? D’autres méthodes doivent-elles être employées ? Le débat est en tout cas réapparu après le meurtre de la jeune Angélique.
Le meurtre de la jeune Angélique, 13 ans, dans le Nord fin avril, repose la délicate question de la récidive. L’homme mis en examen pour viol et meurtre, âgé de 45 ans, avait déjà été condamné pour viol.
Imposer la castration chimique ?
Le président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a ainsi demandé que la castration chimique soit imposée aux violeurs. Cette expression désigne des traitements médicamenteux qui inhibent les pulsions sexuelles : soit en réduisant la sécrétion de testostérone, soit en bloquant la liaison entre cette hormone de la libido et son site récepteur.
En France, un juge ne peut imposer une telle castration : « Il faut l’accord de la personne », rappelle-t-on au ministère de la Justice. En Europe, seule la Pologne a rendu obligatoire la possibilité d’un tel traitement par un juge.
Est-ce efficace ?
Les effets d’une castration chimique ne sont pas définitifs en cas d’arrêt du traitement. Autrement dit, les pulsions peuvent recommencer. Selon Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, cette méthode « n’a pas fait ses preuves […]. On peut violer aussi avec des objets », a-t-elle déclaré cette semaine sur BFMTV et RMC.
Dès 2009, la Haute autorité de santé estimait que la castration chimique concernerait « environ 10 à 15 % des sujets ayant commis un acte sexuel inapproprié ».Principalement, « les pédophiles « sévères » et des violeurs récidivistes avec comportement prédateur ».
Quel est le suivi actuel ?
La loi du 17 juin 1998 a instauré le suivi sociojudiciaire (SSJ), une peine qui vise à lutter contre la récidive en cas d’infraction sexuelle. Ce suivi concerne aussi bien le condamné qui se trouve en prison, que celui qui est libéré. Il peut durer de dix à trente ans, en fonction des faits reprochés. Il peut comporter des interdictions : fréquenter des lieux accueillant des mineurs, exercer certains métiers… Ce suivi peut aussi comporter une injonction de soins. Un médecin coordonnateur (en nombre insuffisant ces dernières années) fait alors le lien entre le juge d’application des peines et le médecin traitant du condamné.
En 2016, il y a eu près de 11 250 condamnations prononcées pour des délits sexuels et près de 1 300 pour des viols. Parmi l’ensemble de ces condamnations, 1 200 mesures de suivi sociojudiciaire ont été prononcées. Un nombre en augmentation (moins de mille en 2014).
Et les méthodes statistiques ?
Certains experts militent en faveur de la prise en compte des échelles actuarielles : une évaluation de la dangerosité par des méthodes mathématique et statistique. Au travers de plusieurs critères, ces échelles déterminent quel sera le probable comportement du délinquant à l’avenir.
Inspirées des méthodes des compagnies d’assurances, elles sont employées aux États-Unis et au Canada notamment. En France, peu d’experts psychiatres les emploient pour compléter leur analyse. Les entretiens cliniques sont privilégiés.