Ils tentent de le mutiler et le brûler vif : la victime s’enfuit à la nage dans le lac de La Ramée
« Il n’a pas réussi à me couper les doigts alors il m’a jeté de l’essence dessus… » Ce n’est qu’une bribe du récit du calvaire de cet adolescent de 16 ans et dont les agresseurs viennent de comparaître au tribunal correctionnel de Toulouse. Le 28 février 2017, il est déjà très tard lorsque deux individus d’une vingtaine d’années convainquent un guetteur de leur quartier de grimper à bord de leur voiture. Pas pour une balade de santé.
Ils le soupçonnent de leur avoir dérobé un peu moins de 20 000 € -ce qu’il nie fermement- sur fond de trafic de stupéfiants. Direction le lac de La Ramée, à Tournefeuille. Il est environ 23 h 30, il fait un froid de canard dans la pénombre. Plaquée d’entrée au sol, la victime est tétanisée. « Qu’est ce que vous allez me faire ? » La misère.
Après avoir essuyé coups de poing, de pied et de bâton ou entendu que sa mère « serait enlevée », l’adolescent aperçoit un objet métallique dans la main de son tortionnaire : une pince censée lui couper les doigts. Puis, il dit avoir été aspergé d’essence dont il reconnaît l’odeur caractéristique. « C’était de l’eau pour lui faire peur et l’obliger à me rendre mon argent », explique le principal acteur de ce que le président du tribunal, Didier Suc, qualifie de « véritable expédition punitive « .
Il s’enfuit à la nage
Une soirée de l’enfer qui a pris fin car l’adolescent a fui à la nage dans le lac de La Ramée avant de se réfugier au domicile d’une tante qui habite non loin. Elle aussi a senti l’odeur de l’essence sur son neveu qui a dû être hospitalisé aux urgences de Toulouse-Purpan après les faits. Diagnostic : multiples contusions, hématomes, plaies et 4 jours d’interruption totale de travail (ITT). Mais l’expertise des vêtements, qui avaient été lavés entre-temps, ne permettra pas de confirmer la présence du fameux liquide inflammable.
Qu’importe pour son conseil qui estime que le mal est fait. « Encore aujourd’hui, il souffre d’un traumatisme extrêmement important », souligne son avocate, Me Clémence Doumenc.
Retrouvés incarcérés dans d’autres villes de France pour d’autres motifs, les deux prévenus ont assuré que le scénario avait été gonflé. « Il en rajoute ! Il n’est pas parti à la nage mais à bord d’une Jeep qui passait par là », assure celui qui se désigne lui-même comme le seul auteur des violences. Son visage est presque rieur. Bavard, il assure au président Suc qu’il lui dira « toute la vérité ». Une attitude qualifiée de « désinvolte » par le procureur de la République.
« J’ai fait ce qu’il y avait à faire »
« Mais ça ne va jamais, s’offusque son avocat, Me Alexandre Martin. Il a tout reconnu et s’inscrit dans une démarche de rédemption avec honnêteté et simplicité. » Ne manquant pas de rappeler que son client n’était qu’un « maillon » du trafic. « Il a des comptes à rendre ! Et s’il se vante autant au téléphone, c’est bien pour dire à ceux d’au-dessus : J’ai fait ce qu’il y avait à faire », poursuit son conseil.
La représentante du ministère public a requis la même peine pour les deux prévenus : 30 mois de prison. L’instigateur du traquenard a écopé de 3 ans de prison alors que son ami qui assure avoir « juste » conduit la voiture est condamné à 2 ans et demi de détention.