La dernière attaque terroriste de Liège contre deux policières belges vient de le rappeler : les membres des forces de sécurité constituent des cibles idéales pour les terroristes islamistes.
En France, depuis 2012 et l’affaire Merah, des dizaines de policiers, gendarmes ou militaires ont ainsi été tués ou blessés à l’occasion d’attaques dont ils étaient clairement les objectifs. Si celle de Trèbes, avec l’assassinat du colonel Beltrame et la blessure par balle d’un policier, est encore présente dans nos mémoires, rappelons qu’il y eut aussi les Champs-Élysées (le 20 avril 2017), Orly (le 18 mars de la même année), le Carrousel du Louvre (le 3 février 2017), Magnanville (le 13 juin 2016), Paris (le 7 janvier 2016), Nice (le 3 février 2015), Montrouge (le 8 janvier 2015), Joué-les-Tours (le 20 décembre 2014), La Défense (le 25 mai 2013), Toulouse et Montauban (les 11 et 15 mars 2012). Autant de lieux et de dates qui virent se produire des attentats commis au nom du djihad par des individus radicalisés, le plus souvent fichés S et connus des services de police et de renseignement.
C’est au nom de cette menace toujours plus présente que les policiers avaient demandé, notamment après l’affaire de Magnanville et l’assassinat d’un commandant de police et de sa compagne à leur domicile, que soit pratiquée « l’anonymisation » des procédures. Cette technique procédurale qui consiste à remplacer le nom et le prénom d’un enquêteur par son numéro matricule lorsqu’il traite une procédure sensible avait été intégrée dans la loi relative à la sécurité publique votée en 2017. Elle vient d’entrer officiellement en vigueur avec la publication d’un décret paru au Journal officiel le 31 mars dernier.
Si cette réforme, demandée depuis longtemps par les policiers et les gendarmes, va dans le bon sens, elle est loin de garantir une protection efficace des forces de sécurité. Ainsi, les sapeurs-pompiers de la brigade des sapeurs pompiers de Paris, qui sont militaires, viennent-ils de tirer la sonnette d’alarme. En effet, depuis plusieurs mois, ils ont remarqué « le comportement étrange, voire inquiétant, d’individus postés à proximité de certaines casernes de la capitale ». De là à penser qu’ils font régulièrement l’objet d’une surveillance destinée à entraver leurs interventions, voire à organiser à leur encontre des embuscades, il n’y a qu’un pas que certains d’entre eux ont déjà franchi.
Tous les services de secours sont malheureusement habitués aux appels malveillants. Ainsi n’est-il pas rare de voir des véhicules de police ou de pompiers attirés dans de véritables guets-apens pour être, ensuite, copieusement caillassés. Certains habitants de nos quartiers sensibles excellent dans ce sport, surtout lorsqu’une descente de police vient d’avoir lieu et que des dealers ont été interpellés. Mais, cette fois, il pourrait s’agir d’un tout autre danger. La menace terroriste qui ne cesse de planer sur nos têtes depuis plusieurs années n’est pas sans faire redouter aux pouvoirs publics l’attentat majeur. Celui-ci exécuté à l’explosif dans un lieu fortement fréquenté par le public. Avec des accès facilement contrôlables par un petit groupe d’individus. Et offrant, en termes de médiatisation, une excellente tribune, pourrait voir sa capacité de nuisance renforcée par quelques mesures simples. Tout d’abord, en organisant le surattentat, qui permet d’accroître le nombre des victimes. Ensuite, en empêchant l’arrivée rapide des secours. Enfin, en visant, dans un deuxième ou troisième temps, les équipes chargées d’intervenir auprès des victimes. C’est dans le cadre de ce scénario qu’on ne peut exclure que les informations données par les sapeurs-pompiers parisiens prennent toute leur valeur.