Flers. Municipale ou nationale, la police veut dédramatiser
Les policiers travaillent main dans la main. Nous avons rencontré deux de leurs représentants, afin d’évoquer la situation locale. Une situation qu’ils n’estiment pas particulièrement difficile.
Entretien avec Céline Debroise, capitaine de police au commissariat de Flers, et Christophe Pupetto, responsable de la police municipale de Flers.
Pour vous, les caves du quartier Saint-Sauveur, ce n’est pas « l’enfer » (1) ?
Christophe Pupetto : Non, ce n’est pas l’enfer, c’est faux. Je peux vous y emmener, c’est clean.
Céline Debroise : Les caves sont plutôt bien entretenues, les portes sont fermées à clé.
Sur Flers, quelles sont les problématiques auxquelles vous êtes confrontés ?
C.D. : Je voudrais rappeler que Flers n’est pas une ville à grosse délinquance. Les résultats sont très bons : à la fois dans l’élucidation et dans le nombre de faits constatés. Il n’y a pas un quartier où l’on ne va pas, ni de gros faits de violence.
C.P. : Ce n’est pas plus grave que dans n’importe quelle ville de 15 000 habitants.
Vous pouvez rappeler vos rôles respectifs ?
C.P. : Nous, la police municipale, on est beaucoup dans la proximité. On a une mission commune avec la police nationale, mais on n’a pas le pouvoir d’enquêter. 90 % du temps, on est sur le terrain afin de créer un lien de confiance.
C.D. : À la police nationale, on est tourné vers la sécurité au quotidien. Il y a un travail pour développer le contact avec la population, renouer les liens dans les quartiers…
« Renouer » : ce lien avait été rompu ?
C.D. : Forcément, l’image de la police est compliquée. Avant, les fonctionnaires étaient assignés à d’autres missions, des missions de police secours, de contrôle de la sécurité routière. Maintenant, on nous demande d’aller plus au contact des gens.
C.P. : Souvent, on a les infos après. Il faut que les gens prennent l’habitude de nous appeler au moment où ça se passe.
C.D. : Dans le cas des rodéos, on ne peut pas prendre en chasse les motos. C’est des mineurs qui sont dessus. Ils prennent tous les risques, on ne veut pas d’accident.
La vidéoprotection va permettre de résoudre ce genre de délits ?
C.D. : Bien sûr, ça va être formidable. Par exemple, si on voit des rodéos, on va pouvoir intervenir plus vite.
On parle des « quartiers », mais il ne se passe rien dans le centre-ville ?
C.D. : Moi, je trouve ça calme. Flers a une mauvaise réputation, alors qu’il n’y a pas une heure de la nuit où j’ai peur de traverser la ville… Alors oui, il y a trois quartiers avec des moments épidermiques. On sait qu’il y a des petits trafics, une petite économie souterraine… Mais je le rappelle : il n’y a pas un quartier de Flers où l’on ne va pas.
Comment naît ce que vous appelez des « moments épidermiques » ?
C.D. : Ça peut être des défis entre jeunes, une soirée un peu arrosée, un contrôle qui se passe là, des vengeances, de la jalousie…
Vous pensez que l’image de la police a pu changer avec les attentats de Charlie Hebdo ?
C.D. : Oui, un petit peu. Dans la police nationale, la municipale ou la gendarmerie, on a tous perdu des camarades sur le terrain. On sait que si ça arrive, on sera en première ligne. On sera les « primo-intervenants ». On doit être prêt, mentalement aussi.
À Flers, y a-t-il un risque terroriste ?
C.D. : Il y a des signalements, mais il n’est pas plus élevé qu’ailleurs. Après, on sait que ça peut arriver n’importe où.
C.P. : On ne peut pas se dire : « On est en campagne, le risque n’existe pas. »
L’été arrive, est-ce que vos missions changent à ce moment de l’année ?
C.D. : C’est une période particulière, les gens sont plus dehors, les jeunes traînent un peu plus tard… Il va aussi y avoir les « opérations tranquillité vacances ». On a pas mal de petites choses à mettre en place, vérifier la qualité de l’accueil au commissariat, les délais d’attente, etc.
(1) Dans notre édition de Ouest-France de mercredi 7 juin, une habitante du quartier Saint-Sauveur dénonçait les incivilités, notamment dans les caves.