Squat de piscines : le bain de la discorde
L’été de nombreuses piscines privées de résidence sont squattées à Toulouse. Face à l’exaspération des habitants, forces de l’ordre et syndicats de copropriétés tentent d’endiguer le phénomène.
Chaleur, beau temps et comme une envie irrésistible de se baigner… Ceux qui n’ont ni piscine ni point d’eau à proximité sont alors parfois tentés d’aller piquer une tête… chez les voisins ! Un phénomène qui — même s’il est difficile à quantifier puisqu’aléatoire — exaspère les habitants de résidences privées du secteur toulousain. D’autant que l’occupation du site est parfois associée à des incivilités : nuisances sonores, dégradations des lieux, consommation d’alcool ou de stupéfiants. Et pour faire face, les habitants se sentent bien seuls. Alors ils se retournent vers leur syndicat de copropriété. Le cabinet Sanchez gère quatre résidences avec piscines. Pour Xavier Aribaud, responsable du service copropriété : «Il n’y a pas de solution pérenne. Même si on renforce la sécurité, les squatteurs arrivent à détourner les codes, les barrières. Alors on s’est rapidement tourné vers des sociétés privées.» Mais pour ne pas faire exploser le coût des charges, hors de question de payer un vigile à temps plein. Soit les hommes de sécurité effectuent des passages aléatoires dans la journée, soit ils interviennent sur appel des résidents. «Dans une résidence que nous gérons, l’an dernier, un gardien-concierge a été menacé à plusieurs reprises, poursuit Xavier Aribaud. Nous avons dû abaisser le niveau de l’eau… Au final plus personne ne pouvait profiter de la piscine. C’est un comble d’en arriver là…»
«Les syndicats font ce qu’ils peuvent, avec leurs moyens», affirme Patrick Maury, responsable du syndicat de copropriété L’immeuble. Le squat de piscine et l’exaspération des habitants, il connaît (lire ci-contre). «C’est un vrai problème d’ordre public, poursuit-il. On a vu des camionnettes venir déposer des jeunes devant les résidences… On incite nos résidents à appeler la police municipale.»
«Le principe de base, c’est que les interventions pour la protection des biens et des personnes relèvent de la police nationale, indique la mairie de Toulouse. Mais en 2016, pour répondre au problème des piscines squattées, une convention a été signée avec la police municipale. Nos agents peuvent donc intervenir.»
Au standard d’Allô Toulouse, les agents disposent d’un questionnaire permettant d’identifier le problème et de sécuriser l’intervention de la municipale. En parallèle, les policiers municipaux surveillent en particulier le stationnement près des résidences identifiées comme sensibles. «Cela a un effet dissuasif», affirme le Capitole.
Allô Toulouse : 05 61 222 222
Ce que dit la loi
Côté piscine, on trouve tout un arsenal de mesures en matière de sécurité. Et notamment l’obligation de mettre en place des dispositifs de protection : des barrières empêchant les enfants d’accéder au bassin ou encore des alarmes de détection d’immersion. L’objectif est clair : éviter les noyades. Mais ces mesures, si elles permettent d’écarter les enfants des piscines, n’ont que peu d’effet sur les squatteurs… Le Code de la construction et de l’habitation prévoit que face à des individus qui «entravent l’accès et la libre circulation des locataires», «empêchent le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité et de sûreté» ou «nuisent à la tranquillité des lieux», les habitants d’une résidence peuvent appeler les forces de l’ordre pour rétablir la jouissance des lieux. Mais seules les deux premières infractions peuvent être punies par la loi, or le squat de piscine relève de la troisième… Le Code pénal, lui, stipule que : «L’introduction dans le domicile d’autrui à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte, hors les cas où la loi le permet, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende». Cependant, il est parfois difficile de prouver que le squatteur n’a aucune légitimité à être là. Surtout quand il affirme être le cousin d’un résident et qu’il a l’autorisation de profiter de la piscine…