C’est le journal L’Opinion qui s’en fait, ce matin, l’écho : dans un rapport dévoilé mardi au Sénat, les enquêteurs s’inquiètent grandement de la montée du salafisme en France et du « radicalisme islamiste » qu’il véhicule. Agissant à la manière d’une secte, ses militants fanatisés entretiennent en France une menace terroriste « extrêmement élevée ».
Les salafistes constituent le courant le plus rigoriste de l’islam. Ils prônent un retour aux pratiques du temps du prophète, rien de moins. Et quand on parle, chez nous, de « salafisme moderniste », c’est parce qu’on ajoute à l’obscurantisme moyenâgeux les nouvelles technologies. Ce n’est rien d’autre que le retour aux pratiques en vigueur du temps de Mahomet + Internet.
Les sénateurs Bernard Cazeau (LREM) et Sylvie Goy-Chavent (UC) ont auditionné durant quatre mois une quarantaine de cadres des services de renseignement, judiciaires, éducatifs, d’acteurs associatifs et de chercheurs sur la radicalisation islamiste. Ce rapport qui en découle est plus qu’alarmant, établissant un lien direct entre salafisme et radicalisation violente. Rompant avec la pudibonderie ambiante qui veut qu’on ne nomme pas l’ennemi, le sénateur Cazeau pose les faits : « Le salafisme est le poison idéologique qui mène au djihadisme. » Évidence que n’a pas osé énoncer Emmanuel Macron dans son discours devant le Congrès réuni à Versailles, s’étant borné à évoquer ceux qui ont « une lecture radicale, agressive de l’islam, qui se fixe pour but de mettre en cause nos règles et nos lois de société libre ». Et lorsque le président de la République dit qu’il faut « ramener dans le giron de la République des pans de la société qui s’en sont éloignés », on voudrait pouvoir exiger « des noms ! »
Si la situation est telle dans notre pays, c’est justement parce qu’on s’est refusé, durant des années, à nommer clairement les choses. La crainte de « l’islamophobie », ce mal fantasmé par toute la classe politique ou presque, l’emporte sur la réalité djihadiste. Qu’importent les morts par attentat, il ne faut pas froisser nos concitoyens de papiers. Car là-dessus, nos sénateurs sont clairs : il faut d’urgence « une déclaration politique forte, dénonçant clairement le salafisme comme l’ennemi des valeurs de la République ».
Pendant que nos belles âmes se tortillent et se rincent la bouche à chaque mot qui pourrait froisser les barbus, leur influence ne cesse de grandir. « La menace djihadiste émanant du milieu carcéral n’a jamais été aussi élevée », disent les rapporteurs. On dénombre ainsi actuellement « 511 détenus pour des faits liés au terrorisme islamo-djihadiste » dans nos prisons et « plus de 1.110 détenus de droit commun présentant un risque de radicalisation violente ». Dans ce domaine, les rapporteurs soulignent également la sous-utilisation des techniques de renseignement, soulignant notamment que « dans les quartiers dédiés aux détenus radicalisés d’Osny et de Fleury-Mérogis, aucune sonorisation des cellules ni captation des conversations téléphoniques n’est réalisée ».
Contrairement à un Manuel Valls qui, lui, prônait carrément l’interdiction du salafisme (vœu pieux mais sans doute totalement irréaliste), le rapport du Sénat préconise de l’inscrire sur la liste des dérives sectaires de la MIVILUDES.
Pourquoi pas. Mais cela ne guérira pas la maladie qui nous a plongés tous dans cette dérive et dont, hélas, nous ne voyons pas la guérison prochaine : notre naïveté couplée à notre propension à l’autoflagellation.
Le salafisme prospère sur notre lâcheté. « Baise la main de l’ami qui te frappe », dit le proverbe. Il y a longtemps que nous ne frappons plus… Eux, oui !