Importuner une femme, l’insulter ou la siffler : premières amendes à l’automne
Les harceleurs de rue sont prévenus. La loi contre les violences sexuelles et sexistes va être votée dans la semaine par les députés. Elle va permettre de condamner plusieurs comportements humiliants pour les femmes.
Faire des commentaires sur le physique ou la tenue vestimentaire, tenir des propos sexistes, avoir des regards trop appuyés, siffler une femme ou suivre une personne qui ne répond pas : ces comportements seront sanctionnés d’une amende de 90 €. Le montant pourra grimper jusqu’à 750 € et même à 3000 € en cas de circonstances aggravantes ou de récidive. Elles pourront être assorties d’un stage de civisme. Autre mesure : photographier/filmer sous les jupes à l’insu des femmes, une attitude appelée le upskirting, va devenir un délit puni de 1 an de prison et 15 000 € d’amende. Les premières amendes seront appliquées à l’automne.
« L’enjeu est grave » explique la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. C’est celui de la liberté des femmes de circuler librement dans l’espace public. La réponse politique doit être forte et elle l’est ».
Comment identifier les agresseurs ?
Cette loi pourra-t-elle néanmoins être appliquée ? Voilà toute la question. Les harceleurs pourront-ils être identifiés et a fortiori arrêtés et condamnés ? Dans l’histoire de Marie rendue publique ce week-end, du nom de cette jeune femme frappée à Paris et qui a tenu tête à son agresseur, l’homme qui l’a giflée a pris la fuite et n’est pas identifié malgré la vidéosurveillance. Marlène Schiappa affirme que les témoins ont un rôle clé à jouer. « Les victimes ne doivent plus porter seules la responsabilité du témoignage ». Et d’ajouter : « Nous allons mettre toutes nos forces sur les quartiers dits « de reconquête républicaine » près des gares, des transports. A Paris comme en province. Il y a urgence. C’est la grande cause du quinquennat ».
Avec l’histoire de Marie, rendue publique ce week-end, le harcèlement de rue a pris un visage. Cette jeune étudiante en architecture de 22 ans avait répondu « ta gueule » à un homme qui lui adressait des remarques obscènes et faisait des grognements. L’homme a alors pris un cendrier sur la terrasse d’un café et a frappé Marie au visage. « Quand je l’ai vu venir vers moi, j’ai eu un énorme rush d’adrénaline, explique la victime sur RTL. J’ai juste pris le coup du mieux que j’ai pu, avec dignité, en le regardant, en lui montrant qu’il ne me soumettrait pas et que je continuerai à répondre, que je suis totalement dans mon droit et que ce n’est pas lui qui fait la loi ». Marie avoue toutefois : « On se sent vraiment humiliée, provoquée, rabaissée en fait ».
Le parquet de Paris a ouvert, ce lundi matin, une enquête pour violences avec armes et harcèlement sexuel. L’enquête de flagrance a été confiée au commissariat du 19e arrondissement.
Une affaire rendue publique uniquement parce que la jeune femme a publié la vidéo de son agression sur les réseaux sociaux. Six jours après l’agression, elle a toujours la pommette et l’arcade abîmées et souffre de douleurs cervicales.