Cocaïne : la poudre blanche arrose Toulouse
Importée le plus souvent par des «mules» depuis la Guyane vers la métropole, la cocaïne se démocratise et envahit le marché toulousain. Les enquêteurs en ont fait une de leurs priorités.
La filière guyanaise, qui importe cette drogue depuis le Suriname, est un véritable fléau. Régulièrement, des «mules» qui passent la drogue in corpore, en prenant des risques insensés pour leur santé, sont interceptées, que ce soit à leur arrivée à l’aéroport de Toulouse-Blagnac ou à la gare Matabiau après un périple depuis la Guyane via Paris. Ainsi fin juillet, dans le cadre d’une enquête menée sur commission rogatoire, un Guyanais avait été interpellé par la PJ avec la quantité record d’1,350 kg de cocaïne dans le ventre, destinée à alimenter le marché de la ville Rose. Ces dernières années, les trafiquants rivalisent d’imagination afin d’importer cette drogue. En 2015, une filière issue des Antilles avait été démantelée après la découverte, par les enquêteurs du SRPJ de 10 kg de cocaïne dissimulés dans une dizaine de pots d’échappement de moto.Lucrative et «tendance», la cocaïne envahit le marché toulousain avec force depuis plusieurs années. On en trouve presque à chaque coin de rue. Ce poison, vendu entre 60 € et 80 € le gramme selon sa «qualité», arrive par des filières bien rodées que les douanes, la PAF, le SRPJ, la sûreté départementale et les gendarmes démantèlent régulièrement mais, tel Sisyphe et son rocher, il s’agit d’un travail sans fin.
35 000 €/kg en métropole
La même année, plus d’un kilo de cette poudre blanche avait été retrouvé conditionnée à l’intérieur de bouchées en chocolat en papillotes acheminées par des mules, toujours depuis les Antilles vers Toulouse. Autre innovation, cette fois pour de l’héroïne dissimulée dans des poulets congelés.
Outre la Guyane, les Pays-Bas sont un gros fournisseur de cocaïne en France et Toulouse n’échappe pas à la règle. «C’est une drogue qui plaît, se désole un spécialiste des trafics de drogue à Toulouse. Elle s’est démocratisée et touche tout le monde, des commerciaux aux étudiants en passant par les artisans».
Le commerce très lucratif de la cocaïne incite les trafiquants à intensifier les importations. D’anciens militaires du 1er RTP de Francazal s’étaient d’ailleurs laissés tenter il y a quelques années en passant 40 kg de drogue destinée au marché toulousain.
Un kilo de cocaïne se négocie entre 1 500 € et 2 000 € aux Antilles. Il est revendu 35 000 € en métropole, sachant qu’il peut être coupé jusqu’à cinq fois. De quoi assurer de juteux bénéfices aux trafiquants mais aussi des sanctions pénales exemplaires lorsque la justice passe (lire ci-dessous).
Le chiffre : 35 000
Euros > Le kilo. Le kilo de cocaïne s’achète 35 000 € en métropole. Il se négocie entre 1 500 € et 2 000 € en Guyane. Un marché lucratif.
Antibiotiques, vermifuges, sucre, créatine, laque…
Si elle arrive pure à Toulouse, la cocaïne est coupée jusqu’à cinq fois par les dealers afin d’obtenir des quantités plus importantes et, par conséquent, plus de bénéfices. Les experts de l’institut national de police scientifique, qui analysent les saisies de drogue, savent ainsi combien la poudre blanche peut contenir de substances toxiques.
On retrouve en effet dans certains échantillons des anesthésiants comme la lidocaïne, des excitants comme la caféine. Les dealers utilisent également des antidouleurs comme la phénacétine.
Le lévanisole, aussi utilisé comme vermifuge, figure également sur les paillasses de ces apprentis chimistes qui mettent des vies en danger. La laque, pour solidifier le produit, est monnaie courante comme le sucre ou la créatine.
En plus d’alourdir les quantités de drogue, tous ces produits sont censés imiter les propriétés stimulantes et anesthésiantes de la cocaïne. Très néfastes pour la santé, ils peuvent provoquer des allergies ou des troubles du système nerveux. En surdose, la poudre blanche est mortelle.