Nuisances et incivilités sur fond de petit trafic dans un immeuble HLM à Port-La Nouvelle
Nuisances et incivilités sur fond de petit trafic dans un immeuble HLM.
La chaise a repris « sa » place, postée à l’entrée arrière du hall des Girelles. Et la forte odeur de cannabis ne laisse même pas le doute planer : moins d’une heure après un énième passage des gendarmes, le petit « marché » de stupéfiants des Girelles a rouvert. Avec peut-être bientôt son cortège de musique à plein volume, de portes qui claquent et de voitures klaxonnantes.
Trop. Et depuis trop longtemps… Pour Aline, Rose Marie et Monique (prénoms changés), la situation est devenue insupportable, littéralement. « C’est le matin ; c’est le soir. Nous sommes épuisées. Et on ne se sent pas en sécurité « , disent-elles. La plus âgée vit depuis 30 ans dans l’immeuble, une autre depuis 17 ans… Alors que faire ? Fuir, déménager ? Les enfants de l’une d’entre elles essaient de l’en persuader « Mais j’ai ma vie ici. Si vous m’enlevez à mon milieu, vous m’enterrez « .
Deux ans que le « vivre ensemble » devient peu à peu une formule vidée de son sens. « Avant, les Girelles étaient renommées comme le plus silencieux et le plus propre des immeubles du quartier. Ca a commencé à se dégrader avec l’arrivée de deux familles, au moment où il y a eu les travaux de réhabilitation. Et l’été dernier, c’est monté crescendo. Il y avait jusqu’à dix, quinze ados dans le hall, parfois avec un adulte au milieu mais qui ne faisait rien pour arranger ». Alors le téléphone sonne fréquemment du côté de la police municipale ou de la gendarmerie, avec des demandes pressantes de venir aux Girelles.
« Il va t’arriver des histoires »
Des jeunes qui obstruent un hall d’immeuble, voilà qui peut sembler anodin. Mais la répétition des nuisances, sonores notamment, représente une forme de harcèlement subi par les locataires, des femmes seules et âgées en majorité. Les insultes et les menaces répondent parfois aux tentatives de ces femmes de se faire respecter : « T’aime pas la musique, t’as qu’à rentrer chez toi et mettre la télé (…) Monte chez toi la vieille ou il va t’arriver des histoires « .
Excédée, une partie de ces femmes a demandé un rendez-vous au maire de Port-la-Nouvelle, qui les a reçues dans le courant de l’été. Aucune solution pérenne n’a pu être trouvée de ce côté. Sollicitée, la mairie n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier.
Même aveu d’impuissance du côté du propriétaire, le bailleur social Alogea. Estelle Quessada, responsable de l’agence de Narbonne, l’explique : « Nous ne pouvons intervenir que sur des questions de trouble au bon usage du logement et des parties communes ; nous n’intervenons pas sur des questions de trafic de drogue : ça relève de la gendarmerie. Pas plus que nous pouvons agir sur des personnes extérieures au bâtiment. En revanche, s’il y a des locataires fautifs, nous pouvons faire un rappel au règlement intérieur ; voire lancer une procédure d’expulsion, à condition d’avoir un signalement écrit précis « .
Petits poissons
Encore faut-il qu’Alogea dispose ces éléments écrits, chose toujours délicate par crainte de représailles mais aussi, dans le cas présent, de l’implication de mineurs. Idem pour la gendarmerie, qui a reçu cependant des mains courantes sur ces faits. Elles ne valent pas dépôt de plainte mais, ainsi que la loi l’indique, « si les policiers ou les gendarmes estiment que les faits constituent une infraction, ils doivent prévenir le procureur qui pourra déclencher des poursuites « .
Girelles. Petits poissons. Du genre qu’on peut ignorer si l’on n’y regarde pas de près. Mais qui peuvent « pourrir la vie » de ceux qui baignent dans une belle atmosphère au quotidien.
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