Dans les couloirs de la police municipale de Woippy, peu commentent l’affaire. « C’est sensible… » Cinq ans après son commencement, on pouvait craindre de la retrouver sous une bonne couche de poussière. La justice, en réalité, n’a jamais cessé de s’intéresser à ce qui se passe derrière les grilles et barbelés de ce commissariat aux allures de blockhaus. Et, surtout, au management de l’homme placé à sa tête, Samuel Dechoux. Aujourd’hui, un juge d’instruction de Metz a mis en examen le professionnel pour harcèlement moral.
La justice messine a commencé à s’y intéresser un jour de février 2014. La première plainte est celle du boss local. Il prétend alors avoir été menacé par un agent. Samuel Dechoux assure – il réitère ses accusations dans les colonnes du Républicain Lorrain – que son subalterne a sorti son arme et l’a visé après une virulente explication. Le chef de la police municipale explique encore que son homme a dû être désarmé et plaqué au sol par d’autres collègues.
« Une descente aux enfers »
Après visionnage des bandes de vidéosurveillance, la vérité apparaît différente. Son agent a bien sorti l’arme mais c’était après le départ de son chef. Il n’a pu le viser. Il n’a jamais été plaqué au sol. Si bien que la plainte est classée sans suite.
Des suites, il y en a pourtant. L’agent saisit un juge d’instruction et porte plainte à son tour pour dénonciations calomnieuses, violences volontaires et harcèlement. Le climat social est décrit par les nombreux agents entendus par la police judiciaire de Metz comme « dégradant », « infantilisant » pour certains, « tyrannique » pour d’autres.
Au sujet du plaignant, qui a subi une procédure administrative et une suspension pour avoir sorti son arme, des collègues décrivent « des décisions pouvant être considérées comme humiliantes. » Il vit « une descente aux enfers », confie un agent.
Le patron de la police quitte Woippy
Avocat du patron de la police, Me Xavier Iochum balaye les accusations, jugées « sans fondement. C’est le seul agent qui a porté plainte contre mon client. » Samuel Dechoux s’apprête à quitter Woippy pour un poste en région parisienne. « Cela n’a aucun lien avec ce dossier, réagit Cédric Gouth, le maire. Il s’agit d’une opportunité de carrière et d’un rapprochement familial. »
Avocat de l’agent qui a porté plainte, Me Laurent Pâté porte un autre regard : « Cette mise en examen prouve qu’il y a des éléments sérieux. Mais en l’état, nous n’en sommes qu’au début. C’est une étape. Mais une étape importante. »