La nuit est déjà tombée depuis très longtemps lorsque les deux policiers municipaux enfilent leurs gilets pare-balles, nous allons les accompagner dans leur patrouille de nuit. Norbert Pedebosc, chef de la police municipale se met au volant. C’est parti pour une bonne partie de la nuit à surveiller la ville et surtout les ports ostréicoles où se préparent les fêtes de Noël. D’importants stocks d’huîtres prêtes à être emballées ou tout simplement en attente d’expédition y sont stockés. La ronde débute en ville, pas grand monde dans les rues, le thermomètre de la voiture indique – 1°. Rares sont les maisons où filtre encore une lumière, tout le monde dort du sommeil du juste.
« C’est beau et à la fois bizarre comme impression »
Dans ce silence absolu, les deux phares de toit éclairent les côtés de la voiture, d’un côté les cabanes et de l’autre les quais. Dans le brouillard et le halo de lumière apparaissent les ombres surréalistes des chantiers, des palettes, des pignots, des tuiles et autre matériel, on se croirait dans un autre monde.
« C’est beau et à la fois bizarre comme impression », fait remarquer Hervé, le second policier municipal. Soudain la voiture s’arrête, recule, s’engage entre deux cabanes et stoppe. Une lumière brille à l’intérieur, les deux policiers observent au travers de la fenêtre. Il n’y a personne si ce n’est l’énorme chien qui grogne et n’engage vraiment pas à franchir la porte.
« Tout est calme »
Sur un autre port, surgit de nulle part, un homme en noir apparaît au coin d’une cabane. C’est un vigile recruté par les ostréiculteurs, il y en plusieurs sur les ports. La discussion s’engage « Tout est calme ! », confie-t-il avant d’échanger quelques banalités. La surveillance minutieuse se poursuit sur tous les ports, aucune impasse, aucun recoin n’échappe à l’œil des policiers municipaux.
« Là nous allons trouver une voiture avec un gardien à l’intérieur, il appartient à une société de surveillance », dit Norbert qui connaît ses gammes sur le bout des doigts. Ce soir tout est calme et tout le monde est très vigilant, les stocks d’huîtres sont importants à seulement deux jours de Noël. « De toute manière, si je constate quoi que ce soit d’anormal je préviens la gendarmerie », dit le vigile sorti de sa voiture.
La patrouille se poursuit, à part les vigiles, il n’y a pas âme qui vive sur les ports. Soudain, une voiture suspecte, feux allumés, est là à l’arrêt sous la grue d’un quai. Rien ne bouge, prudemment les policiers s’approchent, ils reviennent quelques minutes plus tard en riant. Ce n’était qu’un couple dont le centre d’intérêt était à mille lieues des huîtres mais qui jusqu’à cet instant appréciait la tranquillité nocturne des ports. Après un dernier débriefing avec le responsable d’une entreprise de surveillance, la patrouille se termine, le calendrier de l’avent a déjà franchi un nouveau pas vers Noël. Mercredi, ce sera beaucoup plus tranquille, tous les stocks auront été livrés et tous auront quelques jours de repos avant les fêtes de fin d’année.
Jacky Donzeaud