Des armes létales pour tous les policiers municipaux ? À chaque ville sa stratégie
« Entre 60 et 70 % » des polices municipales seraient équipées d’armes létales, selon Frédéric Biedak. Il y a trois ans, le président du Syndicat national des policiers municipaux (SNPM) évaluait ce pourcentage à 50 %. Les positions et l’équipement des collectivités évoluent. Panel en Lorraine Nord, avec trois villes à moins de 20 km de distance.
Villerupt : jamais d’arme, sauf si…
À Villerupt, même après la fusillade de mai 2023, la doctrine n’a pas changé. « La majorité de mon équipe est toujours opposée à l’arme létale », confirme le maire, Pierrick Spizak. Ici, l’armement se limite au bâton et à la gazeuse. « La première raison est idéologique. La deuxième, en lien avec notre commissariat : si on arme nos agents, le ministère de l’Intérieur pourrait faire moins de détail pour le fermer. »
Pourtant, cette philosophie ne signifie pas qu’ils n’auront jamais de pistolet… « Notre choix peut être un frein au recrutement », reconnaît Pierrick Spizak. « Mais lors des entretiens, ces deux dernières années, nous n’avons jamais été fermés à la question de l’armement ! » Et si un candidat remonte ce besoin ? « Sur cette question importante, la population décidera. » Le premier magistrat imagine un référendum ou une consultation citoyenne.
Longwy est dans un entre-deux. Depuis 2021, la police y est dotée de pistolets à impulsion électrique. Jean-Marc Fournel avait tranché : tant qu’il serait maire, pas d’arme létale. Son successeur se pose la question du changement… « Et c’est vraiment dans une optique de protection des agents », souligne Vincent Hamen, patron de la Ville depuis février. « L’uniforme fait qu’ils peuvent être pris pour cible, au même titre que les policiers nationaux. »
« Ce qui me questionne, c’est l’évolution des missions : je ne voudrais pas que, une fois les policiers municipaux armés, l’État se décharge davantage sur les collectivités, alors même qu’il leur demande de se serrer la ceinture. » La conclusion de la réflexion longovicienne serait imminente : Vincent Hamen espère encore solliciter son conseil et communiquer sur le sujet « avant la fin 2024 ».
Herserange : des armes, mais pas d’agents
Herserange a fait le choix de l’arme létale dès 2018. « Pour nous, il n’y a pas de sous-policier. Nos policiers sont soumis aux mêmes risques que les nationaux », pose le maire. Gérard Didelot est confronté à une autre problématique… « L’armement, un radar, 41 caméras… nous avons tout. Il ne nous manque que le policier ! » En mai 2022, le dernier des deux agents a quitté le service pour une Ville voisine, plus rémunératrice. L’exemple confirme l’existence d’un « mercato » entre collectivités, toujours plus demandeuses.
Dès juillet 2022, Herserange a entrepris des démarches pour combler ce vide : « Nous avions demandé les possibilités pour faire assermenter trois adjoints par un juge, afin qu’ils s’occupent des verbalisations. Deux ans plus tard, nous restons sans réponse », regrette Gérard Didelot. Avant, la police municipale représentait ici « un ticket de 100 000 € » par an. Maintenant, la Ville « apprend à faire sans. Mais si demain il y a un candidat, on fera l’effort de relancer le service ! »