Le maire attaque le restaurateur
L’affaire commence à dater. Le 30 juillet 2015, le maire de Montauban Brigitte Barèges déposait plainte contre le gérant du restaurant «Les Délices d’Inès» place Guibert, situé juste en face de la permanence du parti les Républicains. L’affaire sera jugée par le tribunal correctionnel de Montauban le 19 mai.
Mardi soir, lors de la séance du conseil municipal (lire notre édition d’hier), Brigitte Barèges a demandé, par la voix de son premier adjoint, Pierre-Antoine Lévi, la protection fonctionnelle, en clair qu’elle soit représentée ès qualités de maire par un avocat. Aucun élu ne s’y est opposé, Valérie Rabault (PS) s’interrogeant simplement sur le timing de cette annonce.
Brigitte Barèges reproche au restaurateur «des insultes, outrages, comportements agressifs et menaces réitérées». L’affaire est ancienne et dure. Dans l’entourage du maire on rappelle que «Les Délices d’Ines est hélas un établissement bien connu des services de sécurité. Beaucoup de plaintes de riverains, des nuisances diverses, notamment nocturnes et sonores, des perturbateurs indésirables, des infractions multiples à la réglementation, des trafics, des troubles à l’ordre public… Une occupation illégale totale ou partielle du domaine public concernant sa terrasse. L’ouverture d’un débit de boissons sans déclaration préalable. Un défaut de licence IV». Mais aussi «des outrages à agents dépositaires de l’autorité publique et à l’encontre du maire». On affirme aussi, à la mairie, qu’au mois de juin 2015, le restaurateur serait «venu proférer des insultes et des menaces au maire alors qu’elle sortait du théâtre». Bref, c’est chaud. L’affaire se réglera donc devant le tribunal correctionnel. Contacté par nos soins, hier, le gérant du restaurant mis en cause conteste les affirmations du maire : «J’ai ouvert ce restaurant en 2013, après avoir fait un an de travaux, indique Jamal Naïm. J’exploitais normalement la terrasse quand on m’a signifié que c’était fini. Mais c’était verbal, je n’ai jamais eu d’arrêté municipal».
«pression»
Le gérant du restaurant regrette aussi cette «descente de police municipale, à 20 heures, devant mes clients attablés à la terrasse». Déçu par la tournure de cette histoire, Jamal Naïm décide donc de se battre et prend un avocat, Me Massol. Il dépose plainte avant celle du maire : «Je suis victime de harcèlement moral et de discrimination, assure-t-il. Le maire voulait acheter mon fonds de commerce mais je n’ai pas cédé. J’ai subi des contrôles tous les jours. On m’a mis la pression». Le commerçant a-t-il craqué ce fameux soir de juin 2015 ? Le maire dit que oui, Jamal Naïm prétend le contraire : «Je l’ai vu et je suis venu lui demander des explications. Madame Barèges n’a pas voulu me répondre. Depuis mon chiffre d’affaires a chuté et j’ai peur de devenir un clochard. Mais je reste ouvert au dialogue».
Il y a de fortes chances que celui-ci se noue devant les magistrats…
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