Il fait nuit noire lorsqu’une rixe, qui serait liée à un trafic de drogues, éclate, la semaine dernière, rue Bernard-Palissy. L’événement choque à peine les riverains. Même si l’un d’entre eux conçoit que « c’était plutôt calme depuis le début de l’année », le vandalisme, les poubelles éventrées jonchant les trottoirs, les bagarres, le tapage nocturne, les excès de vitesse… sont devenus le quotidien des habitants du quartier du Champ, à Gien, depuis longtemps déjà.
En septembre 2015, une centaine d’entre eux ont adressé une pétition à la mairie pour que cessent ces incivilités. La municipalité a renforcé la présence policière. « Les policiers municipaux font des rondes au moins une fois par jour, rappelle Stéphane Cornée, adjoint à la tranquillité publique, la sécurité urbaine et la médiation sociale. Ils ont effectué plusieurs contrôles de vitesse et n’ont constaté aucune infraction. »
Un problème
de salubrité publique
Près de deux années plus tard, pourtant, rien n’a changé selon les habitants. « Il y a toujours des types qui squattent les trottoirs, ceux qui sortent la nuit, éméchés et en criant, des chariots qui traînent… », énumère un riverain.
L’instigateur de la pétition, lui, est dépité : « On a arrêté de se battre », dit-il. Le Giennois, qui vit dans le secteur depuis 61 ans, regrette le passé : « Ça a toujours été un quartier déshérité, car populeux et populaire, mais il faisait bon y vivre, il y avait de nombreux magasins… La délinquance a commencé il y a une dizaine d’années. »
Encore des faits de délinquance rue Bernard-Palissy, à Gien
Les riverains s’attardent sur un point noir : le manque de propreté. « Ça n’est pas de la faute de la Ville, les gens sont dégueulasses », tempête une commerçante.
Des trottoirs transformés en décharges à Gien
Ce que nuance un habitant de la rue délaissée. « La municipalité a son mot à dire, explique-t-il. C’est bien beau de constater mais je pense qu’il y a des moyens d’action. Cette insalubrité publique repose sur quelques personnes, qui se fichent de la vie en collectivité et ne sortent pas leurs poubelles les jours dédiés. Les policiers municipaux devraient les trouver et leur en parler directement. »
Cinq infractions relevées
Justement, Stéphane Cornée affirme que les choses bougent. « La semaine dernière, nous avons relevé cinq infractions liées aux déchets, précise-t-il. Les personnes concernées risquent une amende. Un rapport de constatation a été rédigé par les services municipaux et transmis à la gendarmerie. »
L’adjoint à la sécurité demande aux habitants d’appeler la police municipale pour des problèmes de poubelles, de stationnement, d’ivresse sur la voie publique… « Pour le reste, qu’ils contactent les gendarmes. C’est le rôle du citoyen d’informer d’un fait. »
Le commerce fait également les frais de cette déliquescence. Depuis quelques années, les magasins sont de moins en moins nombreux. Le dépôt-vente « La Caverne de Sylvie » vient de fermer. « Coiffure Philippe », lui, a déménagé rue Gambetta, mais a trouvé un repreneur.
Une note positive, cependant, l’arrivée de Yannick Walmacq et Clémence Magnez, gérants de la boulangerie « Pain et gourmandises ». Comme l’expliquent plusieurs habitants et commerçants, « ça nous fait du bien, ça permet d’avoir une vie de quartier ».
Anne-Laure Le Jan