Deux hommes abattus dans une épicerie à Avignon
Hier matin, deux individus arrivés à moto ont visé l’employé du commerce et un client avant de s’enfuir
Une fusillade a éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi, un peu avant une heure du matin, à Avignon. Alors que la place Pie bruissait de la fête estudiantine, à quelques centaines de mètres de là, rue Thiers, une épicerie a été le théâtre d’un double meurtre. Arrivés à moto, deux individus ont stoppé leur bolide à hauteur d’une épicerie au numéro 21.
Casqué, un homme est descendu du deux-roues et se serait directement dirigé vers l’intérieur du commerce. L’employé de cette enseigne d’alimentation générale ainsi qu’un client qui, vraisemblablement, se trouvaient au niveau de la porte d’entrée, ont été visés. « Je ne dormais pas, j’ai l’habitude de veiller tard. J’ai entendu cinq coups de feu, explique une voisine de la rue.
J’ai passé ma tête par la fenêtre et j’ai vu une moto filer« . « Moi, j’ai vu une des victimes tomber, et la moto avec deux individus repartir » raconte un autre témoin.
L’employé de l’épicerie, 29 ans, et le client, 21 ans, sont morts quasiment sur le coup. L’un a reçu une balle en pleine tête. L’autre a reçu une balle dans le dos. Le tireur est ensuite remonté sur la moto qui s’est évaporée. Voilà la scène qui se serait déroulée, a priori, hier matin, et à partir de laquelle travaillent les policiers.
Au fil de la journée, les enquêteurs de l’antenne de police judiciaire d’Avignon chargés de l’enquête, ont procédé à l’audition des témoins et à des constatations avec le soutien des techniciens en identification criminelle. Si les policiers étaient en mesure de dire qu’un gros calibre avait, semble-t-il, été utilisé lors de cette fusillade, ils étaient dans l’impossibilité de confirmer le type d’arme employé par le tueur et son complice.
Des analyses balistiques, couplées à une autopsie ordonnée par le parquet d’Avignon, devraient permettre d’en savoir davantage dans les jours qui viennent.
Règlement de comptes
Quant au mobile de ce double meurtre, il reste encore inconnu, même si certains enquêteurs évoquent sans ambages un règlement de comptes. Les deux victimes étaient connues de la justice. L’employé de l’épicerie, Omar Baghdad, avait d’ailleurs réchappé de justesse à une première fusillade, quartier Monclar en décembre 2014.
À l’époque des faits, il avait été pris pour cible avec un autre homme, place de la Méditerranée et avait été touché en plein thorax. Deux individus cagoulés, circulant à bord d’une Renault Mégane retrouvée incendiée avec deux Kalachnikov à l’intérieur, le lendemain à Barbentane, avaient été aperçus.
Omar Baghdad avait également été condamné en juin 2012 par la cour d’assises du Gard aux côtés de six co-accusés dans la retentissante affaire de l’attaque d’un convoi de 500 kg de cannabis remontant à début janvier 2009 à Roquemaure. L’exécution d’hier pourrait-elle avoir un lien avec ces épisodes précédents ?
Les policiers se posent la question évidemment, sans toutefois négliger le passé judiciaire de la plus jeune des victimes. Le client de l’épicerie avait, lui aussi, eu affaire aux services de police par le passé.
Pour l’heure en tout cas, aucun lien ne semble avoir été établi avec d’autres faits, plus récents, survenus à Avignon ces derniers mois.
« Ils sont partis à fond, d’ailleurs, ils ont été flashés »
Mohamed, un Avignonnais, était en train de rentrer chez lui à Avignon lorsqu’il s’est arrêté à proximité de l’épicerie pour aller acheter un kebab, dans un snack de la rue Thiers au moment des faits. « J’allais chez mes parents quand je me suis arrêté devant le premier feu de signalisation de la rue pour aller chercher un sandwich. Il était environ 0h55. En sortant de la voiture, j’ai entendu plusieurs déflagrations.
J’ai tout de suite pensé à la voiture de la police municipale que j’avais vu stationnée au tout début de la rue, devant le parking des Halles. Je me suis dit qu’ils avaient dû utiliser leur Flash-ball. Et c’est dans un second temps que j’ai vu une des victimes tomber, et la moto avec deux individus. Le pilote était plutôt costaud et le tireur très mince. On a même pensé que ça pouvait être une femme avec d’autres témoins de la scène… Ils sont partis à fond, avant de ralentir au feu rouge qu’ils ont grillé.
D’ailleurs ils se sont fait flasher (…). En nous dirigeant vers la victime que nous avons vue tomber, j’ai appelé le 112 pour leur expliquer et pendant que je parlais au médecin pour lui dire ce qu’on faisait, d’autres témoins lui ont prodigué un massage cardiaque. Deux minutes après, la police est arrivée, et ce n’est que 10 minutes après les tirs que nous avons réalisé qu’il y avait un deuxième homme dans l’épicerie. Il était allongé mais il semblait déjà mort« .
Déjà un mort, il y a deux mois
Le 14 mars dernier, un homme de 27 ans, Reda El Madani avait été abattu dans une fusillade, quartier Monclar. Un véritable commando, venu à bord de deux voitures, avait fait irruption en pleine journée au sein de ce quartier situé au sud de la ville. À proximité de la place de la Méditerranée, la victime avait été visée par des tirs de Kalachnikov.
Les auteurs avaient ensuite pris la fuite, abandonnant et incendiant deux véhicules en bordure de Durance, à Rognonas. Les enquêteurs de la PJ d’Avignon travaillent toujours sur cet homicide volontaire.
La victime, Reda El Madani était aussi connu de la Justice. Il venait d’ailleurs de sortir de prison pour des faits de violences avec arme datant de 2015.
Mélanie Ferhallad