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Marseille s’offre « Oracle » pour des présages sécuritaires

 

« Oracle Big Data Appliance X6-2 » est hébergé avenue Roger Salengro dans le Data Center de la Direction des systèmes d’Information de la Ville.  Photo D.C.« Oracle Big Data Appliance X6-2 » est hébergé avenue Roger Salengro dans le Data Center de la Direction des systèmes d’Information de la Ville. Photo D.C. L’utilisation de l’article, la reproduction, la diffusion est interdite – LMRS – Tous droits reserves

La Ville de Marseille se lance dans la création d’un « Big Data de la tranquillité publique », une base de données croisées et corrélées entre elles par des algorithmes prédictifs de délits. La police municipale aura droit de consulter « Oracle Big Data Appliance X6-2 ».

Jean-Claude Gaudin mise dorénavant sur l’intelligence artificielle et la puissance des algorithmes pour lutter contre la délinquance et les incivilités, géolocaliser les points chauds, empêcher les ventes à la sauvette et le stationnement illicite, sécuriser les lieux sensibles, résorber les bouchons, optimiser les mises en fourrière ou encore sonder les réseaux sociaux.

La Ville a publié le 28 avril un appel d’offres en vue de la « création d’un outil Big Data de la tranquillité publique », une cyber-plateforme d’« aide performante et inédite à l’analyse, à la compréhension et à la décision sur son territoire » énonce son cahier des clauses techniques particulières. La nouvelle Délégation générale à la sécurité (DGSEC) créée en février sera « l’utilisateur fonctionnelle prioritaire » avec droits d’accès à la police municipale. « La modernité numérique doit contribuer à garantir la tranquillité et le bon ordre quotidien » énonce l’appel public à la concurrence aux accents george-orwelliens qui promeut une « sécurité connectée » pour un « espace public apaisé ».

Le prestataire aura 3 ans pour concevoir une « infrastructure technique de dernière génération » destinée à aider les « responsables dirigeants » de la Ville à « prendre des décisions stratégiques », à mesurer « l’impact des opérations ciblées ». L’outil d’analyse devra jauger l’efficacité des caméras de vidéosurveillance, évaluer l’effet pervers de déplacement de la délinquance, en vue du futur déploiement de 1000 caméras intelligentes capables par exemple d’interpréter le comportement d’un individu. Le Big Data alertera d’un « seuil de densité maximal dépassé dans un lieu public », repérera un objet abandonné ou la pénétration d’une zone interdite.

La Ville a pour cela acquis fin 2016 une plateforme de serveurs, un silo de 600 To d’espace baptisé « Oracle Big Data Appliance X6-2 ». Pour donner une échelle de sa volumétrie, la Bibliothèque nationale de France stockait fin 2014e plus de 527 To d’archives de l’Internet (23,6 milliards de fichiers). Le Big Data de Marseille importera les données historiques internes de la Ville, ainsi que celles recueillies en temps réel, une masse considérable d’informations garanties 100% anonymisées et qu’il serait impossible humainement de corréler de manière immédiate.

« Analyse des tweets, remontée des fils de conversation »

Il s’agit de millions de signaux, indicateurs, sondes de trafic, données des réseaux de transport, historique d’accidents et leur localisation selon la sensibilité des lieux (écoles, lieux de culte), etc. Avec Big Data, la Ville pourra mieux « sécuriser le trafic routier urbain », « détecter la concomitance d’événements » mais aussi « mieux répartir les véhicules de fourrière » ou encore « localiser et suivre le nombre de marchés à la sauvette par quartier ». Aura pour cela été importée dans « Oracle » la base des « faits constatés » par la police municipale, la « répartition spatio-temporelle des verbalisations ». Le préfet de police a même accepté de lui livrer ses propres « statistiques » de délinquance. Big Data pourra également sonder « le sentiment de tranquillité des administrés » sur les réseaux sociaux, anticiper par exemple « le risque de rassemblements dangereux par analyse des tweets » avec « remontée des fils de conversations » pour identifier le « primo-déposant ». La Ville envisage même d’acheter des données aux « opérateurs de téléphonie », leurs « flux de population » et les « informations issues des conversations sur les réseaux sociaux » pour connaître le « ressenti » à des événements et le « niveau de stress » en temps réel. Des « échanges » que la Ville promet d’être « encadrés par voie de convention juridique ». Ainsi, à ses yeux, « le citoyen pourra co-participer au renforcement de la tranquillité publique. »

La Ville a ouvert l’an dernier une ligne budgétaire de 1,8 million d’euros pour lancer son Big Brother. Le Fonds européen de développement régional apporte 600 000 euros. La Ville vient de solliciter une contribution du conseil départemental.

David Coquille

Source:: Marseille s’offre « Oracle » pour des présages sécuritaires

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