Dunkerque : « On se fait cracher dessus »
Chaque jour, la situation devient un peu plus irrespirable. Le jour de notre venue, jeudi dernier, les habitants se sont réveillés avec une lettre scotchée sur chaque entrée d’immeuble. « Tous les soirs, je suis importunée par une bande d’enfants et d’adolescents […]. Si cela se reproduit ce soir ou ce week-end, j’agis en conséquence et appelle la police », peut-on notamment y lire. Un courrier signé, preuve que le groupe de riverains que nous avons rencontré n’est pas seul dans son combat.
L’histoire ne date pas d’hier : un courrier de Jean-François Montagne, maire adjoint de Rosendaël, daté d’août 2016, répondait à une pétition des habitants et annonçait le passage de la police municipale. Un temps, le calme est revenu. Puis les incivilités ont repris de plus belle. « Il n’y a même pas 15 jours, je suis allée déposer une main courante , car ils m’avaient insulté, bousculé et jeté des cailloux, témoigne Suzanne Decocq. La police m’a alors dit qu’elle en était à 17 interventions depuis le début d’année. »
Mais pour les habitants, c’est tous les jours que la situation déborde. « Ils vous insultent de connasse ou de vieille pute. Tout le gratin… », relate Françoise Carbéti. « On a enrichi notre vocabulaire », tente de dédramatiser Alain Hennegraeve. Mais lui aussi désespère : « Vous leur faites la remarque, c’est encore pire. » Le mari de Doriane Nghiem a payé pour voir : « Il est descendu suite au bruit et s’est fait cracher dessus. »
« Je ne dois pas traiter les personnes », à copier dix fois
Le coup de fil au 17 est donc souvent la dernière solution. « Tu peux appeler la police poufiasse, on n’a pas l’âge pour aller en prison, m’ont-ils déjà répondu. Je comprends que, dans certains quartiers, il y en a qui prennent un fusil et tirent dans le tas », s’emporte Françoise Carbéti. Jacqueline Sevin est parvenue à utiliser une méthode plus douce : la punition. Décalée et en même temps cohérente quand on a face à soi des enfants allant de 5 à 15 ans pour la plupart. « Je suis allée voir sa mère et je lui ai demandé de faire copier à son fils Je ne dois pas traiter les personnes », clame la Dunkerquoise. On repassera pour l’orthographe, mais la copie a été rendue.
La situation s’est également bien terminée quand Françoise Carbéti s’est fait voler des affaires par « un gamin » tandis qu’elle était occupée à ouvrir sa cave. « Je suis allée voir sa mère et j’ai pu les récupérer. » Mais la tension reste palpable, tout comme la peur. « J’en pleurerais », souffle Suzanne Decocq, tandis que Alain Hennegraeve confie avoir investi dans une porte blindée. Histoire de se sentir en sécurité au moins quelque part.
blamps@lepharedunkerquois.fr