Arras est en fête. Les terrasses sont bondées (agrandies avec la piétonnisation de la place des Héros) tous les soirs de la semaine, et plus seulement le week-end. Les visiteurs sont de plus en plus nombreux, pour le patrimoine et le tourisme de mémoire. Bref, tous les signaux sont au vert. À un détail près : la cohabitation entre personnes faisant la fête peut se révéler parfois délicate, essentiellement en fin de soirée, au gré des verres d’alcool ingérés. Certains clients de bars en sont d’ailleurs conscients. Il n’est pas rare d’assister à quelques escarmouches entre jeunes alcoolisés à la fermeture des bars.
Samedi 10 juin, deux touristes canadiennes, importunées par un dragueur indélicat, ont été molestées par un individu devenu agresseur, rapidement identifié et interpellé. Le choc de deux univers. Ce soir-là, des témoins ont appelé la police… qui a mis un long moment avant d’intervenir. Faut-il revoir le dispositif de sécurité, notamment aux heures « critiques » ? Certains le pensent… y compris au sein de la police d’Arras.
« La Belle endormie » bien réveillée
Arras est à la croisée des chemins. Le succès des soirées arrageoises est une excellente nouvelle pour le dynamisme d’une ville longtemps surnommée « La Belle endormie ». Désormais bien réveillée, la vie nocturne arrageoise a peut-être besoin d’être davantage encadrée. Des habitués du centre-ville notent qu’une présence policière permanente dès minuit pourrait se révéler dissuasive, comme on l’a observé pendant la fête de la Musique. « Il va falloir se poser la question, relève un policier. C’est bien de vouloir un centre-ville vivant, mais il faut se donner les moyens en termes de sécurité. »
« Il faudrait plus d’effectifs de police pour adapter le dispositif à ce virage festif. »
Une question que se pose déjà la ville d’Arras, même si la réflexion est avant tout globale. Des réunions ont ainsi lieu régulièrement pour évoquer l’évolution du centre-ville. Stationnement, commerce, circulation, zone 30… et sécurité font partie des thématiques abordées. Ce que nous a confirmé la municipalité arrageoise, précisant toutefois d’emblée qu’il n’y a pas de recrudescence des violences et agressions avec le succès des soirées place des Héros. En collaboration avec la préfecture, la police nationale et municipale, la ville réfléchit à la sécurisation du secteur. « Il faudrait plus d’effectifs de police pour adapter le dispositif à ce virage festif », avance un policier. Voire une présence fixe en soirée, le week-end principalement.
Le sujet est évidemment politique. On évoque même la possibilité de « sanctuariser » la place des Héros avec des terrasses qui pourraient perdurer l’hiver à condition de les chauffer, par exemple. La réflexion va se poursuivre dans les mois à venir.