» On cherchait un endroit où dormir… «
Deux jeunes hommes qui avaient investi une maison vide pour dormir et en cambrioler une autre ont été condamnés à deux mois de prison ferme, lundi.
Tribunal correctionnel de Tours
Ils ont manqué de chance. Depuis des années, visiblement. Christophe, 18 ans, et Dylan, 21 ans, ont, malgré leur jeune âge, un parcours de vie déjà bien chaotique. Sans domicile fixe, sans ressource ni travail l’un et l’autre – l’un a été viré du domicile familial, l’autre l’a quitté pour tenter de trouver du travail – ils pensaient pouvoir disposer d’un toit, gratuit : « On cherchait un endroit où dormir. Le 115, à chaque fois qu’on appelle, c’est plein. » A Saint-Avertin, ils s’installent dans une maison que la commune a acquise il y a six mois pour la transformer en logement social. Les deux jeunes assurent qu’une fenêtre était cassée. Qu’ils en ont profité. De son côté, la mairie affirme pourtant que tout était en état et que les patrouilles quotidiennes de la police municipale prémunissaient de toute intrusion.
Le casier vierge n’est pas « un joker »
Lundi, devant le tribunal correctionnel devant lequel ils étaient présentés dans le cadre d’une comparution immédiate, ils ont maintenu leur version. Eux, se sont contentés d’ôter les poignées des portes pour éviter que leur squat… ne soit occupé par d’autres à son tour. Mais quid des volets forcés, des portes dégradées ? Le 15 juillet, peu après 23 h, la police surprend les deux camarades d’infortune et la petite amie de l’un d’eux qui sautent par-dessus le portail. Ils sont interpellés. La police met alors la main sur divers objets : bijoux, téléphones portables, tablettes, chargeurs…
Rapidement, le lien est fait avec un cambriolage qui a eu lieu la veille, à quelques rues de là, toujours à Saint-Avertin. La famille qui y vit était partie en vacances. La maison a été entièrement fouillée. Lors de la restitution des objets dérobés, il manque des vêtements de l’un des enfants mais aussi une chaîne et une croix en or…
Les deux voleurs les portent. Seule une médaille militaire a totalement disparu. Un cambriolage qui a profondément marqué la mère de famille, présente à l’audience.
Mais il reste des téléphones, des jeux. D’où viennent-ils ? Du box des prévenus, Christophe et Dylan expliquent qu’ils étaient déjà dans le squat. Une poursuite d’enquête a été diligentée à propos de ce « butin ».
En attendant, il faut juger les deux prévenus pour dégradations et vol en réunion. Le casier vierge des deux jeunes hommes « n’est pas un joker », insiste le procureur adjoint Bruno Albisetti qui requiert six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
Me Jérôme Damiens-Cerf, qui défend les deux prévenus, estime que le doute, concernant les dégradations, doit leur profiter et que, du fait de leur situation pénale, ils sont éligibles au sursis, simple ou avec mise à l’épreuve.
Le tribunal a suivi, condamnant les deux jeunes à six mois dont quatre avec sursis et mise à l’épreuve pendant dix-huit mois. Ils devront travailler et indemniser la victime. Ils ont été conduits à la maison d’arrêt.